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Olga Peretyatko en récital au TCE – Oubliable – Compte-rendu

Si Olga Peretyatko doit beaucoup à Rossini grâce auquel sa carrière a connu une rapide ascension en quelques années, il n'est pas certain que l'inverse soit vrai. La soprano est on ne peut plus charmante, mais son timbre uniforme, sa tiède virtuosité et son style convenu, sans oublier d’invraisemblables minauderies que l'on croyait l’apanage des seules Netrebko et Gheorghiu, feraient sortir de ses gonds le plus docile adepte de la non-violence. Le matériau vocal de la cantatrice n'est pas inintéressant, mais une voix ronde et saine, un joli medium et quelques aigus prometteurs – tout de même parfois à la limite de la justesse - ne suffisent pas à notre bonheur. Le chant rossinien appelle en effet un tout autre engagement, une dynamique, des vocalises plus franches et des accents plus autoritaires que ceux débités sans imagination, ni brio par une interprète qui ne lâche jamais la bride.
 
S'aventurant avec précaution dans l'air de la Contessa Folleville « Partir o ciel », chiche dans celui de Corinna « All ombra amena », tous les deux tirés du Viaggio a Reims, rôles de ses débuts à Pesaro en 2006, Olga Peretyatko n'a pas l’envergure nécessaire à Semiramide aux vocalises ralenties,  passe à côté d'Amenaide « No che il morir », dénué de la moindre émotion, se traîne dans Il Turco in Italia (« I vostri cenci »), ainsi que dans l'interminable rondo final de Mathilde di Shabran autrement plus vif dans la bouche d’Annick Massis. Et que dire de ce « Una voce poco fa » donné en bis avec l'approbation du chef Ottavio Dantone à la tête d'une routinière Accademia Bizantina, maigre consolation pour clore un concert que l'on oubliera vite.
Rendez-vous dans quelques semaines à la Bastille pour Rigoletto : Gilda (1) conviendra sans doute mieux à cette artiste en devenir.
 
François Lesueur

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(1) Du 9 avril au 30 mai 2016. Olga Peretyatko alternera avec Irina Lungu dans le rôle de Gilda. www.operadeparis.fr/saison-15-16/opera/rigoletto
 
 
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 11 janvier 2016

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