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N’oubliez pas Marin Marais !

Un fervent de musique française tel que Iakovos Pappas ne pouvait omettre de célébrer le 350ème anniversaire de la naissance de Marin Marais. Et c’est en beauté que l’auteur d’Alcyone est fêté : Wieland Kuijken, Yuka Saïto et Marianne Muller interprètent en effet une série de pièces pour trois violes en compagnie du claveciniste à la Péniche Opéra.

« En France, on connaît pas, on reconnaît » : un de ces mots apparemment faciles, mais si pertinents et si plein de sens de Jean Cocteau… C’était prévisible, l’affaire vire à l’obsessionnel ! Mozart, Mozart, Mozart encore, Mozart toujours, Mozart à gogo : 2006 n’a pour le moment d’oreilles que pour l’auteur de Don Giovanni - mais les oreilles sont celles des mélomanes ; elles peuvent se lasser… Un peu pour Chostakovitch aussi, mais point trop surtout. Quant à Robert Schumann et Marin Marais (1656-1728), on croirait presque qu’ils n’ont jamais existés. Presque, car il est quelques heureuses exceptions. S’agissant de l’auteur d’Alcyone, les amateurs de musique baroque pouvaient être sûr de compter sur le passionné de répertoire français qu’est Iakovos Pappas pour lui rendre hommage dans le cadre des Lundis baroques de la Péniche Opéra.

« On peut dire que Marais a porté la Viole à son plus haut point de perfection, écrivait Evrard Titon du Tillet (1), et qu’il est le premier qui en a fait connoître toute l’étendue et toute la beauté par le grand nombre d’excellentes Pièces qu’il a composées sur cet Instrument, et par la manière admirable dont il les exécutoit. » Marais a certes apporté de magnifiques contributions au répertoire lyrique (dont Alcyone, la seule de ses tragédies lyrique dont toutes les parties nous sont parvenues), mais c’est d’abord à la viole qu’il s’identifie. Elle était son double pourrait-on dire et les cinq Livres (1686, 1701, 1711, 1717 & 1725) regorgent de pages magnifiques où la noblesse du style et l’art de la caractérisation s’allient en un langage d’essence profondément française.

« Les pièces pour trois violes extraites du 4ème Livre qui seront données au cours de cet hommage à Marais appartiennent à la maturité du musicien. Elles témoignent d’un style épuré où la virtuosité est toujours tributaire de l’expression , remarque Iakovos Pappas, et c’est un grand bonheur pour moi que d’accueillir Wieland Kuijken. Ce pionnier du mouvement baroque est un exemple de discipline et de rigueur et manifeste une véritable connaissance des arcanes de cette musique. Il aura pour partenaires deux anciennes élèves : Marianne Muller et Yuka Saïto. »

Marin Marais ne disparaîtra pas ensuite de la programmation de l’Ensemble Almazis qui prévoit avant la fin de l’année 2006 un autre concert avec les sonates en trio et des extraits de tragédies lyriques. Quant aux deux derniers rendez-vous de la saison en cours, on relève d’abord une soirée Vivaldi avec la soprano Caroline Chassagny (3 avril), puis un concert autour de Michel Lambert avec la soprano Catherine Dune et le ténor Christophe Crapez (le 15 mai) – où figureront, entre autres, des extraits de l’Alcyone de Marais.

Hommage à Marin Marais. Wieland Kuijken, Marianne Muller et Yuka Saïto, viole Iakovos Pappas, clavecin. Lundi 6 mars à 20h 30. La Péniche Opéra, Face au 46, quai de la Loire. Rés. : 01 53 35 07 77

(1) « Vie des Musiciens et autres Joueurs d’instruments du règne de Louis le Grand » (Ed. Le Promeneur)

Photo : DR
 

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