Journal

Nice - Compte-rendu : Cosi sur la Promenade


Cosi fan tutte est cruel pour les orchestres. Celui, modeste, de la Philharmonie de Nice n’à guère résisté à ses nombreux pièges, peu aidé par son chef Marco Guidarini visiblement déstabilisé par une scène très en surplomb rendant malcommode les rapports entre la fosse et le plateau. Mais gageons que les choses se seront arrangées rapidement après cette première un peu flottante. Venue de Liège, la jolie production de Philippe Sireuil se souvient des Bains de mer où Jean-Claude Auvray avait lui aussi situé l’un des plus délicieux Cosi que l’on ait jamais vu. Décor pratique et unique, qui s’est à peine défraîchi, et dont ont ne se lasse pas une seconde tant il permet aux délicieuses invraisemblances et aux retournements dramatiques dont Da Ponte truffe son livret de trouver l’effervescence naturelle d’une action théâtrale très finement réglée.



Revers de cette médaille trop pratique, Sireuil et son assistant, Sergio Monterisi n’ont pas trop soigné la composition psychologique des personnages, au point que chacun pousse son portrait comme il peut : Jean-Philippe Laffont, qui prenait le rôle, campe un Don Alfonso uniquement de comédie, sans arrière plan, chanté avec caractère mais sans l’once d’un legato : un peu court. Amel Brahim-Djelloul, en grande voix, surjouait une Despina explosive et un peu trop univoque.

Le plus belle composition, fine, inquiète, revenait à Nathalie Manfrino (photo) pour sa toute première Fiordiligi dont elle possède le grave naturel et la vocalise brillante. Quelques années supplémentaire amèneront la nacre nécessaire à un timbre encore un peu dur, où le texte de Da Ponte expose chacun de ses mots : quelle diction…dont ferait bien de s’inspirer la Dorabella approximative et en voix défaite de Patricia Fernandez : il lui aura fallu tout le I pour chauffer sa voix, mais au II encore trop d’incertitude l’empêchait de donner toute la mesure de son mezzo pourtant opulent quoi qu’un peu couvert.

Les amants se contrastaient au possible : au timbre encore serré et un peu nasal de Ferrando, un Ryan Mac Pherson déluré, brillant, qui captura avec assez d’art le legato d’un’aura amorosa, répondait le baryton idéalement timbré, corsé de Paulo Szot, déjà l’un des grands titulaires du rôle, et un modèle de beau chant mozartien. Comme on aimerait l’entendre en Figaro. L’Opéra de Nice était plein comme un œuf et tout bruissant d’enfants et d’étudiants auquel on avait réservé la première de cette délicieuse production.

Jean-Charles Hoffelé

Cosi fan Tutte de Mozart, Opéra de Nice, le 24 janvier 2007. Dernière représentation le 30 janvier

Cosi fan tutte en dvd

Les autres comptes-rendus de Cosi fan tutte

Partager par emailImprimer

Derniers articles