Journal

Naissance du Prix Gerhard Schedl de théâtre lyrique et musical Trois questions à Christian Gangneron, metteur en scène et directeur de l’ARCAL


Le 5 mai dernier a été lancé officiellement à Vienne le prix Gerhard Schedl de théâtre lyrique et musical de la Fondation BNP Paribas(1). Créé en hommage à un compositeur précocement disparu en 2000 à l’âge de quarante-trois ans, ce nouveau prix (doté d’un montant de 25 000 euros, d’une création scénique mondiale par le Neue Oper Wien et d’une édition chez Musikverlag Doblinger) présente l’originalité de récompenser un tandem compositeur/librettiste (livret en allemand, français ou anglais). Membre du jury qui rendra sa décision à la fin du mois de novembre prochain, le metteur en scène Christian Gangneron a répondu à concertclassic.

Pour quel motif avez-vous principalement accepté de faire partie du jury du Concours Gerhard Schedl ?

Christian Gangneron : Compte tenu de tout le travail que j’ai mené à l’ARCAL, je suis particulièrement attentif à ce qui peut soutenir la jeune création musicale, notamment en matière de théâtre musical. Si une nouvelle initiative permet d’offrir à de jeunes créateurs la possibilité de s’exercer c’est formidable et cela m’intéresse naturellement.

En quoi consiste l’originalité du Prix Gerhard Schedl ?

C. G. : Il témoigne d’un souci d’articuler la dimension littéraire et la dimension théâtrale et musicale - le livret et la partition. Je suis séduit par l’attention portée à l’entente, à l’union, à l’harmonie entre le librettiste et le compositeur. Le jury comprendra aussi bien des musiciens que des metteurs et scène, ce qui est positif pour la discussion et l’évaluation des projets. Depuis une bonne dizaine d’années on assiste à une vraie floraison de compositeurs plein d’idées qui ont de nouveau envie d’écrire de l’opéra. Le problème, me semble-t-il, se situe du côté du livret. On n’a plus ce métier de librettiste, ce savoir faire et pas encore toujours de la part des compositeurs l’expérience du plateau, la connaissance du monde du théâtre et de toutes ses contraintes, ses implications. Mettre l’accent, comme le fait ce Prix, sur l’imbrication entre les différents aspects du théâtre musical me paraît très positif.

A propos des jeunes créateurs, l’ARCAL se préoccupe de les familiariser avec le monde du théâtre musical…

C. G. : Nous avons en effet mis en place un système de résidence qui nous conduit chacun année à accueillir un jeune compositeur. Nous lui permettons de s’immerger dans le travail d’une compagnie lyrique, dans la production d’un opéra et donc d’être en contact avec des équipes, des chanteurs, des metteurs et scène, des chefs d’orchestre, etc. Au XVIIe, au XVIII ou au XIXe siècle les compositeurs étaient totalement dans le coup, totalement immergés dans les théâtres, avec les chanteurs ; ils vivaient cette vie-là. Souvenez-vous de Haendel qui était impresario, qui connaissait les budgets, qui faisait les distributions, etc. A partir d’un certain moment une coupure s’est établie. Aujourd’hui où l’on a de plus en plus envie d’écrire des opéras, il faut retrouver de l’immersion, du lien commun à tous ceux qui font partie d’une aventure lyrique. Notre résidence est en ce moment consacrée au jeune compositeur italien Matteo Franceschini. Il travaille sur une maquette de théâtre musical en direction des enfants et, par ailleurs, sur un projet (qui sera créé en mars 2010) de cross-over entre rock et opéra baroque : My way to hell.(2)

Propos recueillis par Alain Cochard, le 11 mai 2009

(1) Conditions d’inscription et calendrier du Prix Gerhard Schedl : www.neueoperwien.at/

(2) http://www.arcal-lyrique.fr/html/saisons_detail.php?prod=96

Pour plus d’informations sur les activités de l’ARCAL : http://www.arcal-lyrique.fr

> Lire les autres articles d’Alain Cochard

Photo : DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles