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Marek Janowski et l’Orchestre Symphonique de la Radio de Berlin au Festival de Colmar - En totale osmose – Compte-rendu

Le 27e Festival International de Colmar invite l’Orchestre Symphonique de la Radio de Berlin et son directeur artistique et chef principal à vie, Marek Janowski, pour une série de concerts précédant un hommage rendu au trompettiste Maurice André (1933-2012) tout au long de la manifestation alsacienne.
 
Dans la touffeur de l’église Saint-Matthieu, l’Ouverture du Vaisseau fantôme de Wagner, bénéficie d’une exécution alerte, dosant subtilement les contrastes entre maelström sonore et lyrisme contrôlé. Toujours aussi dynamique, le pianiste Jean-Yves Thibaudet réussit à vaincre la chaleur ambiante et dispense du Concerto n° 2 de Liszt une vision plus séquentielle qu’unitaire. Ses doigts ailés et élégants parcourent le clavier avec une aisance qui s’attache moins à l’héroïsme qu’à la poésie au premier degré (superbe échange avec la violoncelliste solo). Parfaite entente avec Janowski qui ne perd jamais le fil d’un accompagnement attentif. Le bis (Troisième Consolation de Liszt) prolonge le climat immatériel entretenu précédemment par le soliste.
 
Dans la Symphonie n° 2 de Beethoven d’un classicisme abouti et sans surprise, l’orchestre est à son meilleur mais ne réussit pas, malgré tout, à rendre captivant le Larghetto. En revanche, la conception d’ensemble rapproche l’œuvre des symphonies à venir par un souci de tension dans les mouvements rapides où perce déjà l’affirmation discursive de l’« Héroïque » (Allegro con brio initial). Dans le final, le maestro lâche la bride et se rapproche des indications métronomiques de Beethoven. Moins d’alacrité et d’humour cependant dans l’Allegretto Scherzando de la Huitième Symphonie offert en supplément.
 
La Quatrième Symphonie de Bruckner, qui occupe le concert du lendemain, constitue l’une des partitions fétiches de Janowski. Il l’a souvent remise sur le métier, y compris lors de son mandat à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Sa maîtrise de tous les paramètres ne se situe pas dans une optique métaphysique mais valorise plutôt l’architecture globale, la dimension narrative et débouche, lors d’un final savamment préparé, sur une impressionnante explosion hymnique. Les pupitres du RSB, à l’unisson (mais les cors souffrent dans cette ambiance surchauffée !), livrent une interprétation fervente dont l’engagement ne se dément jamais. Un très grand moment de musique.   
 
Michel Le Naour
 
 
Colmar, Eglise Saint-Matthieu, 4 et 5 juillet 2015
27ème Festival international de Colmar, jusqu’au 14 juillet 2015 / festival-colmar.com/index.php
 
Photo © Bernard Fruhinsholz

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