Organisé depuis 2016 à l’initiative du Poème Harmonique de Vincent Dumestre, le Concours Corneille de Rouen avait vu juste en 2018 en décernant son 1er Prix (et le Prix Pimodan) à une claveciniste de 19 ans : Louise Acabo. Initialement formée par Aline Zylberach, elle était à l’époque étudiante à la Schola Cantorum de Bâle (où elle a eu pour professeurs Jörg-Andreas Bötticher et Francesco Corti ; elle y enseigne désormais).
La jeune femme a par la suite eu l’occasion de se produire comme continuiste dans divers ensembles de premier ordre, de Masques et Jupiter à Pygmalion en passant par Le Concert de la Loge – au sein duquel elle tenait d’ailleurs le positif, le 27 août, lors de la magnifique Messe en ut de Mozart que Julien Chauvin et ses troupes viennent d’offrir au festival de La Chaise-Dieu. Mais on a aussi eu l’occasion de l’entendre en solo en diverses circonstances et d’apprécier son tempérament, aussi affirmé que poétique.
 
 

© Valentine Chauvin

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L’influent Mr de Chambonnières

 
La jeune génération baroque regorge de talents et l’on comprend aisément qu’Alpha ait choisi d’inaugurer une nouvelle série à iceux consacrée, « Baroque Stories », avec Louise Acabo.(1) Sous le titre « Overseas », elle a imaginé un original programme entre France et Angleterre, à partir de pages de Jacques Champion de Chambonnières (1601-1672), créateur assez peu connu mais figure majeure de l’histoire de son instrument, dont l’influence s’exerça sur des élèves tels que Louis Couperin ou D’Anglebert, et sur des créateurs d’outre-Manche : Locke, Bryne, Preston ou Roberts.
On retrouve ces derniers sous les doigts de la claveciniste, mêlés à des compositions de Chambonnières, mais aussi à la prégnante Plaincte faite à Londres pour passer la Mélancholie de Froberger (qui fut l’un des ambassadeurs de la musique du Français en Europe), et à trois pièces de D’Anglebert dont, évidemment, le Tombeau de Mr de Chambonnières, servi avec une noblesse jamais guindée et une formidable plénitude sonore, tout à l’image d’un album aussi abouti que prenant. Louise Acabo a su prendre le temps avant de signer son premier enregistrement en soliste et en est largement récompensée : coup d’essai, coup de maître !
 
Une réussite qui ne peut qu’inciter à prendre le chemin de l’Hôtel de Soubise, le 13 septembre, où la Chambre du Prince attend Louise Acabo dans un programme très proche de celui du disque. Magnifique entrée en matière pour « Baroque Stories », et pour la saison de Jeunes Talents.
 
Alain Cochard