Journal

Louis Langrée et L’Orchestre des Champs-Elysées à l’Opéra Comique – Fervente complicité – Compte-rendu

Point d’orgue à la belle rencontre de Louis Langrée et de l’Orchestre des Champs-Elysées autour de Pelléas et Mélisande à la salle Favart, le concert symphonique que le chef donnait avec l’OCE a comblé les amoureux de musique française.

Cent-vingt ans tout rond après sa création, la partition avec laquelle Debussy fit son entrée dans l'histoire de la musique demeure toujours aussi irrésistiblement jeune et envoûtante. Avec la complicité de la flûte poète de Marion Ralincourt, Louis Langrée signe un Prélude à l’après-midi d’un faune à rebours de la linéarité par trop narcissique et prévisible dont souffre parfois le morceau. La barre de mesure semble abolie ; merveilleuse liberté qui traduit une totalité maîtrise… Amoureux des timbres, le chef modèle, façonne - sans baguette - le matériau sonore et parvient à surprendre dans une musique mille fois entendue.
La Suite de Pelléas et Mélisande de Fauré n’est pas en reste (la Sicilienne offre à la M. Ralincourt l’occasion de se distinguer à nouveau). Sans rien brusquer, Langrée obtient un relief et des caractères qui montrent sa compréhension d’un répertoire où il entraîne une formation que Philippe Herreweghe a d’abord habituée au répertoire germanique.

La courant passe entre des musiciens et un chef qui travaillent ensemble depuis plusieurs semaines et augure du meilleur pour l’unique Symphonie en si bémol majeur (1889-1890) d’Ernest Chausson donnée après la pause. Un pur chef-d’œuvre qui n’a strictement rien à envier à la Symphonie de Franck, dont la création se tint un an avant que Chausson n’entreprenne la rédaction de son Opus 20. Louis Langrée connaît tous les secrets d’une partition qu’il a fort bien enregistrée il y a une décennie environ avec l’Orchestre Philharmonique de Liège. Il y conduit l’OCE avec une générosité qui ne nuit toutefois jamais à la clarté des plans sonores. A la ferveur de sa baguette répond l’engagement des musiciens pour une Symphonie pleine d'ardeur, de noblesse (magnifique Très Lent !) et d'émerveillement.

Heureux Orchestre Symphonique de Cincinatti, qui a su choisir un artiste tel que Louis Langrée comme directeur musical…

Alain COCHARD
 
Paris, Opéra Comique, 26 février 2014

Photo © DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles