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L’Orchestre du Gewandhaus et Andris Nelsons ambassadeurs de Leipzig à Paris – Aboutissement – Compte-rendu

C’est leur première tournée internationale depuis la reprise post-Covid ; le bonheur se lit sur les visages des membres du Gewandhausorchestrer Leipzig. Dirigée par Andris Nelsons (photo) depuis 2018, la formation est le plus célèbre ambassadeur musical de la cité saxonne et la Philharmonie de Paris l’accueillait il y a peu pour deux programmes entièrement straussiens. Rien d’étonnant à cela puisque l’actualité du chef letton est étroitement associée à l’auteur d’Elektra dont il vient de signer une intégrale de la musique symphonique pour DG, partagée entre l’orchestre allemand et le Boston Symphony Orchestra (formation dont il est directeur musical depuis 2014).
 
Inscrit au tout début de la production de poèmes symphoniques de Strauss, Macbeth ouvre la seconde soirée. Dès les premières secondes l’entente et l’engagement des musiciens saisit l’oreille. D’un geste sobre et suggestif, Nelsons nous plonge d’emblée au cœur du sujet avec le concours d’une formation dont la beauté des timbres et l’identité sonore renvoient dans ses 22 toute personne qui voudrait faire de la tendance à l’uniformisation des grands orchestres internationaux une règle absolue.  Le chef joue de la palette de timbres de sa formation avec un profond sens narratif et un hédonisme sonore qui font mouche dans la musique de Strauss.
 

© Andris Nelsons
© Marco Borggreve
 
On ne résiste pas plus à la Suite (1944) du Chevalier à la rose dont Nelsons s’empare avec d’autant plus de gourmandise que les instrumentistes dont il dispose jouent pleinement le jeu. Que d’échanges entre eux, entres eux et le chef, de palpable complicité tout au long d’une partition qui nous est restituée de manière contrastée, avec un formidable art du détail pour la délicate Présentation de la rose, dans un souffle orgiaque en conclusion - petits estomacs s’abstenir !
Dans une Vie de héros, Nelsons opte pour des tempi lents au cours d’une lecture fermement tenue où l’on ne voit pas le temps passer. Relief, vie intérieure du texte musical séduisent de bout en bout – le Konzertmeister Andreas Buschatz nous offrant d’un archet plus qu’assuré un portrait particulièrement volubile de la Compagne du héros ! Et quand se termine l’ultime épisode de l’Opus 40, La Retraite du héros et l’Accomplissement, ce dernier mot vient à l’esprit pour traduire la sensation éprouvée au terme d’un concert généreusement vécu par ses protagonistes.
 
Quant à Leipzig, on n’oublie pas qu’elle est l’un des plus actives villes musicales d’Europe. Elle promet d’attirer force mélomanes dans les semaines et les mois à venir. Le Festival Bach va s’y tenir du 9 au 19 juin, suivi du 20 juin au 14 juillet par une intégrale absolument complète des opéras de Wagner. A la rentrée, après le festival de musique de chambre Con Spirito (10-18 sept.), Leipzig fêtera en beauté Felix Mendelssohn (31 oct.-6 nov.). Quant à l’année 2023, les mahlériens fervents peuvent déjà noter sur leurs tablettes le Festival dont l’auteur de la Symphonie « Titan » sera l’objet du 11 au 29 mai, avec la participation d’une dizaine de phalanges de premier ordre.

 
Alain Cochard

 Paris, Philharmonie, 31 mai 2022
 

Pour en savoir plus sur les activités musicales à Leipzig : www.leipzig.travel/entdecken/musik-und-kultur-in-leipzig/musik-in-leipzig
 
Photo © Marco Borggreve

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