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L’Orchestre de Paris invite Menahem Pressler - Bonheur partagé» - Hommage à un grand archet - Compte-rendu
Les concerts de Paavo Järvi se succèdent à la tête de l’Orchestre de Paris avec la même originalité et la même tonicité. En témoigne un programme dense rassemblant la Symphonie n°84 de Joseph Haydn, le Concerto n°27 de Mozart, avec au clavier le légendaire Menahem Pressler, et la Symphonie n°1 de Sibelius.
Le chef estonien entretient avec Joseph Haydn une relation privilégiée (c’est la troisième fois qu’il joue dans la capitale l’une des Parisiennes du compositeur autrichien). La Symphonie n°84 (1786) n’est pas la plus connue mais ne manque pas de grandeur. Comme à son habitude, Järvi ne se perd pas en conjectures ; sa vision dynamique témoigne d’une santé insolente, d’une vivacité, d’une élégance et d’une clarté révélant en plein jour les détails instrumentaux d’une partition foisonnante où chaque musicien s’exprime avec liberté.
En soliste, Menahem Pressler, 89 ans, impressionne par la vitalité de son jeu et l’intériorité de sa conception dans l’ultime concerto pour piano de Mozart. Sous ses doigts agiles, la partition possède une juvénilité et une pureté transmises par le naturel du phrasé, une incomparable simplicité et surtout une poésie (Larghetto) à faire pleurer les pierres. Au diapason de cette interprétation, l’accompagnement de Järvi relève de la musique de chambre. Un moment de bonheur partagé par un public totalement envoûté. En bis, Clair de lune de Debussy tient du rêve éveillé.
Dans la Symphonie n°1 de Sibelius (1899), la lecture impérieuse de Järvi met bien en valeur le caractère épique de la musique du chantre finlandais encore influencé par Tchaïkovski. L’influx rythmique, la pulsation interne de cette direction implacable tout en angles et en saillies, contrastée, privilégie souvent la puissance narrative au détriment de la densité émotionnelle. Les musiciens, portés par l’élan et la vigueur du geste, peuvent pleinement s’exprimer, à l’image du timbalier Frédéric Macarez dont les interventions impressionnantes résonnent comme un glacier aux limites de la rupture.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 17 octobre 2012
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Photo : DR
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