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L’Opéra Comique fait son cinéma - Souvenirs, souvenirs… - Compte-rendu
Samedi dernier l’Opéra Comique faisait son cinéma. On doit l’excellente initiative de cette plongée dans les archives cinématographiques Gaumont-Pathé à Pierre Philippe et Benoît Duteurtre, qui aura aussi été le présentateur drôle et de passionné – il est dans son élément ! - d’une soirée embrassant un siècle d’histoire de le Salle Favart. Et quelle riche histoire s’agissant d’une institution qui a joué un rôle moteur dans la vie musicale française. Carmen, divers ouvrages de Massenet, Louise, Pelléas et Mélisande, Ariane et Barbe-Bleue, mais aussi les premières hexagonales de plusieurs Puccini (donnés en français comme c’était alors la coutume) sont, entre autres, à mettre à l’actif de la salle de la place Boieldieu.
Très peu d’images ont été réalisées dans les murs du Comique, mais on possède nombre de documents sur les artistes ayant marqué ce lieu de leur art. Et les visages et les voix de Lucien Fugère, Gustave Charpentier, Ninon Vallin, Reynaldo Hahn, Joseph Canteloube ou George Thill d’apparaître à l’écran et de faire revivre le passé… Débuts – parfois maladroits et apprêtés - du cinématographe et des « actualités » : on goûte avec un mélange d’émerveillement, d’attendrissement, d’amusement souvent aussi (croustillante réunion Pour la Renaissance du Chant français en 1933 à la Salle Wagram !) à tous ces documents intelligemment assemblés, qui suivent librement le fil de la chronologie avec des références aux événements historiques (les deux conflits mondiaux, les grèves de 1936 (photo) ou de 1968).
Invité d’honneur de la soirée le truculent Gabriel Bacquier se souvient, en début de seconde partie, de son entrée en 1956 dans la troupe du Comique – elle fut supprimée en 1972. Toujours aussi merveilleux conteur, l’artiste fait revivre ses souvenirs (qu’il fut difficile à apprivoiser ce rôle de Golaud…) et la salle réserve une émouvante ovation au plus célèbre retraité de Pézenas.
La musique vivante est toutefois présente aussi : Clémence Barrabé (sop.), Julien Dran (ténor) et Lionel Peintre, accompagnés par les musiciens du Philar menés par Frédéric Chaslin, se prêtent au jeu, pas forcément commode, de quelques ponctuations musicales signées Messager, Donizetti, Offenbach, Grétry, Ibert, etc.
Excellente nouvelle, cette initiative du Comique est le prélude à une série « Ciné club ». La projection du film Louise d’Abel Gance (1939), inspiré du « roman musical » éponyme de Gustave Charpentier, est annoncée pour la saison prochaine.
Un excellent filon qui promet de faire bien des heureux !
Alain Cochard
Paris, Opéra Comique, 10 mars 2012
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Photo : Gaumont-Pathé Archives
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