A l'Opéra Berlioz de Montpellier, cette unique exécution de Lohengrin (la précédente ayant été annulée pour des raisons météorologiques) a fière allure. Débarrassée des oripeaux d’une mise en scène, l’attention se concentre sur la partition de Wagner et l’engagement de chacun sur le plateau contribue à la réussite d’une version de concert puissamment incarnée.

Norbert Ernst © Michael Poehn
 
Le mérite en revient grandement à Michael Schønwandt (photo) qui, à la tête de ses troupes de l’Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, veille constamment au grain. Attentif aux équilibres et au dosage des nuances, tour à tour héroïque et lyrique, le maestro danois conduit l’œuvre avec une autorité et un enthousiasme qui ne se démentent jamais. Sa baguette généreuse et contrôlée apporte aux chanteurs la sûreté dont ils ont besoin.

Katherin Broderick © DR

Prise de rôle pleinement assumée pour Katherine Broderick, sensible, subtile et rayonnante en Elsa, dégageant par sa fragilité une émotion touchante et une humanité qui fend le cœur. Solide mais ardent, le Lohengrin de Norbert Ernst n’est pas le juvénile héros que l’on imagine ; cependant il convainc par la justesse de son incarnation et une voix sans faiblesse, assumant sans mollir le poids d’un rôle exigeant.
L’Ortrud de Katrin Kapplusch, insidieuse, maléfique, théâtrale, possède des moyens vocaux superlatifs et le Telramund de Gerd Grochowski, convainc par son timbre mordant et son émission puissante, plus victime que responsable de ses actes odieux. L’élégance de Levente Páll apporte une note d’authenticité et de noblesse au personnage d’Henri, tandis qu’Alexandre Duhamel se montre un Héraut de belle prestance à la voix chaude et profonde. Participation éloquente des Chœurs réunis des Opéras de Montpellier et d’Angers-Nantes, préparés par Noëlle Gény, qui concourent eux aussi à la qualité d’ensemble d’un Lohengrin éminemment musical dont on se souviendra.
 
Michel Le Naour

Wagner : Lohengrin (version de concert) -  Montpellier, Le Corum/ Opéra Berlioz, 16 octobre 2016

Photo Michael Schønwandt © Hans van der Woerd