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Lille Piano(s) Festival 2020 – En mode digital

Hors de question de baisser les bras ! Alors que tant de manifestations ont décidé d’annuler leur édition 2020, le Lille Piano(s) Festival opte pour une solution originale. « Nous avons un temps gardé l’espoir d’organiser un festival avec du public, confie François Bou, directeur général de l’Orchestre national de Lille mais, face aux incertitudes, une autre voie été retenue : celle d’un festival entièrement digital. Un choix qui s’inscrit dans la continuité et marque l’accélération de notre politique audiovisuelle ».

Marie-Ange Nguci © Caroline Doutre

Un choix stratégique

On se souvient qu’en 2015, deux ans après son inauguration, l’Auditorium du Nouveau Siècle –  splendidement rénové ! – s’était doté d’un studio numérique avec pour objectif la production de contenus propres. « Un investissement assez lourd, reconnaît F. Bou, mais un choix stratégique dont on ne peut que se féliciter ». Cinq caméras numériques sont venues rapidement s’ajouter au dispositif initial. « Cela nous sert à capter et à diffuser sur la chaîne Youtube de l’Orchestre, mais facilite aussi la mise en place de divers partenariats (avec Mezzo, France Musique, Radio Classique, les télés locales, etc.). »
Fort du précieux relai offert par la technique, le Lille Piano(s) Festival sera donc présent cette année sur les écrans.« Dès que les études sanitaires ont montré que nous pouvions accéder au Nouveau Siècle pour y réaliser des captations, ce projet digital a vite pris forme et de nombreux partenaires médias (Mezzo, Radio Classique – qui consacre un Journée spéciale au festival le 12 juin – France 3 Hauts-de-France, etc.) sont venus s’y greffer. » Avec du direct et du différé, la formule que l’on découvrira du 12 au 14 juin constitue, du point de vue artistique « un condensé du festival tel qu’il était prévu », souligne F. Bou, avec une grande diversité de propositions.

Victor Julien-Laferrière et Jonas Vitaud © Fondation Louis Vuitton

Beethoven et les jeunes interprètes

Les jeunes interprètes occupent une place de choix : la présence d’Alexandre Kantorow (photo) pour le récital inaugural (Brahms/Chopin) l’illustre, tout comme celle de Marie-Ange Nguci le surlendemain.
En mode digital certes, le Lille Piano(s) Festival n’oublie pas l’anniversaire Beethoven et, là encore, la jeune génération est très présente : Victor Julien-Laferrière nous réserve, avec son complice Jonas Vitaud, une intégrale attendue des sonates pour violoncelle et piano, tandis que David Kadouch sera le soliste de l’unique concert de l’Orchestre national de Lille et de son directeur musical Alexandre Bloch ; la première apparition de la phalange au Nouveau Siècle depuis le début de la crise sanitaire. Première apparition de ses archets uniquement en fait car – avis aux amateurs de raretés ! – un arrangement pour cordes (signé Franz Liszt) du 3ème Concerto a été retenu.
Beethoven viendra aussi inspirer les jazzmen Paul Lay et Xavi Torres (en trio), ou encore Jean-François Zygel pour une improvisation en trois épisodes sur l’auteur de la Pastorale.

Alexandre bloch © Laura Baker

De New York, Philadelphie ou Bruxelles

Des artistes étrangers, initialement prévus mais qui n’auraient pu se rendre à Lille du fait de la situation des transports internationaux, demeurent à l’affiche grâce à la solution digitale. Ainsi savourera-t-on un récital de Jonathan Biss enregistré à Philadelphie ou, en direct de New York, un concert de Dan Tepfer sur le Disklavier Yamaha.
Festival de clavier au sens large, Le Lille Piano(s) Festival n’oublie pas l’orgue (qui avait fait sa première apparition l’an dernier) : avec Bernard Foccroulle, enregistré à Bruxelles sur l’instrument de Notre-Dame du Sablon, il sera dignement représenté
Reste que le clavier peut être aussi celui de l’accordéon de Félicien Brut, en dialogue avec la trompette de Lucienne Renaudin Vary, des synthétiseurs du Duo Neebiic, du piano d’Estreilla Besson au côté du trompettiste de jazz Eric Truffaz. Autant de rendez-vous qui ajoutent à la variété d’une affiche où le jeune public n’est pas oublié.
Originale expérience en tout cas que ce festival 100% digital – qui ne pourrait voir le jour sans l’appui des partenaires que sont le Département du Nord, la Fondation BNP Paribas, la Région Hauts-de-France, Lille et sa Métropole et les pianos Yamaha – dont les concerts demeureront accessibles pendant un mois sur la chaîne de l’Orchestre.

Rendez-vous les 24 et 25 septembre

Une fois passé le Lille Piano(s) Festival, les musiciens Orchestre national de Lille auront l’occasion de donner, jusqu’au 14 juillet, plusieurs concerts de musique de chambre dans divers lieux de la ville (des moments musicaux à retrouver, là encore, sur la chaîne de l’Onl), mais aussi dans des EHPAD. Quant à la rentrée, elle s’effectuera en évitant de trop gros effectifs sur scène et en privilégiant les programmes en une partie afin de limiter le brassage de public. Le concert inaugural se tiendra les 24 et 25 septembre prochains et réunira le Concerto pour violon de Beethoven (sous l’archet de Nemanja Radulovic) et le Divertimento de Bartók.

Alain Cochard

Lille Piano(s) Festival [Digital]
12, 13 et 14 juin 2020
www.onlille.com/saison_19-20/concerts/

L’Orchestre national de Lille sur Youtube : www.youtube.com/user/ONLille
 

Photo © Jean-Baptiste Millot

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