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Les enfants terribles de Philip Glass à l’Athénée - Onirique huis-clos - Compte-rendu

Coproducteur du spectacle avec le Teatro Arriaga de Bilbao, l’Opéra de Bordeaux a présenté en novembre 2011 Les enfants terribles (1996) de Philip Glass, opéra d’après l’ouvrage éponyme de Cocteau, dans la mise en scène de Stéphane Vérité. Cette production arrivait sur la scène de l’Athénée accompagnée d’échos flatteurs : ils n’étaient pas volés !

Stéphane Vérité a collaboré avec Romain Sosso pour la conception d’images numériques – superbes ! - qui jouent un rôle central dans le spectacle sans pour autant phagocyter l’ouvrage de Glass et de Susan Marshall, sa librettiste. La musique, par son envoûtante et hypnotique simplicité, porte et souligne les ambiguïtés, les sentiments complexes, les troublants sous-entendus du roman de Cocteau ; la mise en scène lui répond avec une poétique et prégnante étrangeté plongeant le spectateur dans un onirique huis clos, cerné par un extérieur neigeux. Cette neige avec laquelle Dargelos a confectionné la boule fatale…

Par-delà une dimension esthétique qui colle merveilleusement à l’esprit, à la « couleur » de Cocteau, c’est évidemment la crédibilité des protagonistes qui fait la réussite de ces Enfants. « La jeunesse et la beauté ont de grands privilèges », disait l’auteur d’Opium ; inutile de s’aventurer dans l’ouvrage de Glass sans le physique et l’âge appropriés. Les quatre chanteurs réunis à l’Athénée (les mêmes qu’à Bordeaux l’an dernier) sont de ce point de vue parfaits. Olivier Dumait s’acquitte avec une grande justesse du double rôle de Gérard et du Narrateur. Guillaume Andrieux (Paul) forme avec Chloé Briot (Elisabeth) un couple frère-sœur aussi fusionnel que possible. On doit hélas émettre des réserves sur la diction de la jeune soprano… Magnifique perturbatrice enfin que l’Agathe d’Amaya Dominguez, l’une des très belles révélations récentes de la scène lyrique française.

A la direction musicale et au clavier, Emmanuel Olivier partage l’accompagnement pour trois pianos avec Anne Céline Barrère et Nicolaï Maslenko. Ils apportent une contribution de taille à la magie d’une production qui occupe la scène de l’Athénée jusqu’au 2 décembre. Juste après, Cocteau sera à nouveau à l’affiche puisque la maison de Louis Jouvet reprend (du 5 au 15 décembre) La Voix humaine avec Stéphanie d’Oustrac, dans la mise en scène de Vincent Vittoz. Changement de ton ensuite : la parole sera aux Brigands pour d’offenbachiennes réjouissances de fin d’année !

Alain Cochard

Glass : Les enfants terribles – Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 24 novembre 2012, prochaines représentations les 28 et 30 novembre, 1er et 2 décembre 2012.

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Photo : Frédéric Demesure
 

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