Menton compte parmi les plus anciens festivals de musique français. Après avoir franchit brillamment le cap de la 70^e édition l’an dernier, la manifestation dirigée par Paul-Emmanuel Thomas ne pouvait concevoir de totalement baisser les bras et renoncer face à la crise sanitaire. L’édition 2020 a certes dû opter pour une programmation allégée mais n’a rien cédé sur le plan de l’exigence artistique : les rendez-vous proposés du 1^er au 10 août (partagés entre deux lieux : le Parvis de la Basilique Saint-Michel Arcange et le Parc du Pian) ont tout pour faire le bonheur des mélomanes, du concert Beethoven inaugural, par Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien, l’un des plus remarquables duos violon-piano qui se puissent trouver aujourd’hui, jusqu’au programme de clôture, essentiellement brahmsien, avec Alexandre Kantorow et le Quatuor Hermès, autre prometteuse alliance.
 

Reinoud Van Mechelen © Senne Van Der Ven

Un seul concert de musique baroque à l’affiche cette année, précieux en soi déjà donc pour l’amateur de ce répertoire et plus encore parce qu’il fait appel aux Arts Florissant et à leur fondateur et chef William Christie. On est d’autant plus heureux de mettre l'accent sur lui qu’il sera retransmis en direct dans le cadre de la série #RestonsConnectésAuClassique, une initiative de l’Agence 3foisC en partenariat avec Le Figaro, La Croix, Diapason et Concertclassic.
 
Pour cette soirée toute française, Christie a fait appel à la haute-contre Reinoud Van Mechelen. Les deux artistes se connaissent bien pour avoir collaboré dans les Fêtes vénitiennes de Campra et Médée de Charpentier. Des petits motets de ces deux auteurs, de Couperin aussi, les réunissent à Menton. Autant de subtils chefs-d’œuvre, synonymes de nuance, de raffinement, d’intimisme, que Van Mechelen et Christie se préparent à explorer, du Insere Domine au Florete prata de Campra, en passant par les Ave verum corpus natum, O vos amici dei, O vere o bone et Regina caeli laetare de Charpentier et le Salve Regina de Couperin.
Avec le sens des respirations et de l’équilibre qu’on lui connaît dans la construction de ses programmes, Christie n’a pas manqué de paysager celui-ci de quelques pages instrumentales, parfaitement en situation : la tendre Simphonie H 529 de Charpentier et La Piémontaise et La Françoise, tirées des Nations de Couperin