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Les 30 ans de L’Orchestre Français des Jeunes - Enthousiasme à tous les pupitres - Compte-rendu

Plus de 2000 instrumentistes formés au métier de musicien d’orchestre sous la conduite de remarquables baguettes : on ne dira jamais assez l’apport irremplaçable de l’Orchestre Français des Jeunes à notre vie musicale depuis trente ans. Cet anniversaire a été l’occasion d’une journée parisienne pour la formation-école et le concert donné à Pleyel avec son actuel patron, Dennis Russell Davies, a souligné une fois de plus la pertinence de sa mission.

Symphonie concertante pour hautbois, basson, violon et violoncelle en si bémol majeur : on a voulu mettre en avant quatre anciens de l’OFJ dans les parties solistes (Nora Cismondi, Arthur Menrath, Jacques-Yves Rousseau, David Delacroix), mais tout le monde marche sur des œufs - surtout du côté des deux archets -, y compris un chef dont Haydn n’est à l’évidence pas vraiment la tasse de thé. Fausse bonne idée de début de première partie ; passons.

On l’oublie d’ailleurs sitôt que le maestro américain et ses jeunes troupes se lancent dans la 10ème Symphonie de Philip Glass dont c’est la première parisienne (l’OFJ l’a donnée en création mondiale à Aix le 9 août dernier). Fervent avocat de la musique de son compatriote - il dirigera d’ailleurs la création de l’opéra The Perfect American au Teatro Real de Madrid(1) à partir du 22 janvier prochain -, Russel Davies s’emparent avec une formidable énergie d’une vaste partition (cinq mouvements, plus d’une demi-heure) dont il maîtrise le foisonnement et les paroxystiques progressions-accumulations avec des musiciens totalement engagés jusqu’au terme de l’ébouriffant finale. Tout le monde est sur le pont pour cet ouvrage fleuve et chaque pupitre vibre d’enthousiasme.

La seconde partie de la soirée n’est pas en reste. Le chef joue à plein la carte symphonique dans la Suite op 59 tirée du Chevalier à la rose. Relief, nervosité, lyrisme, bonheur physique du son : à un Strauss d’une grande force visuelle succède une Valse de Ravel non moins saisissante. L’ivresse du bouillonnement symphonique nuit sans doute un peu à la dimension tragique de l’oeuvre. Allez, on ne va tout de même pas reprocher à des musiciens de l’âge de ceux de l’OFJ d’y céder, à cette ivresse-là. De la belle ouvrage.

Alain Cochard

(1) www.teatro-real.com

Paris, salle Pleyel, 28 octobre 2012

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Photo : DR
 

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