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​Leonardo García Alarcón dirige le Requiem « à la mémoire de Bellini » de Donizetti – Humaine ferveur – Compte rendu

Le Festival de Saint-Denis a le goût des fresques chorales célèbres, mais sait aussi s’aventurer sur des terres bien plus méconnues, au même titre que Leonardo García Alarcón qui s’attaque avec un égal bonheur à des partitions phares (on songe à son passionnant enregistrement des Vêpres de Monteverdi) et à des répertoires plus rares. Après Falvetti et Cavalli entre autres, on l’a retrouvé dans le Requiem « à la mémoire de Bellini » de Donizetti, magnifique partition - écrite en 1835 sous le coup de la mort de l’auteur de Norma - porteuse d'une émotion intense et dédaigneuse des formules convenues, des effets faciles. Le chœur y tient un rôle central, et côté solistes, ténor et basse sont particulièrement gâtés.
 
La Sinfonia sopra i motivi dello Stabat mater di Rossini de Mercadante, rondement menée, tient lieu de prélude à la soirée. Et un auditoire nombreux de s’embarquer ensuite pour une magnifique découverte : pas d’effet facile, ni chez Donizetti, ni de la part d’un chef qui se garde bien de « verdianiser » son propos au prétexte que la partition se révèle riche de prémices... Mais l’écriture demeure celle d’un musicien de théâtre dont les interprètes (le Millenium Orchestra, le Chœur de Chambre de Namur) traduisent les beautés, sans tapage, avec relief, humanité et ferveur.

D’emblée, les options d’Alarcón s’imposent clairement et le chef trouve des marques dans l’acoustique de la basilique. Il façonne la masse chorale avec l’art qu’on lui connaît tout au long d’un ouvrage dont il exploite intelligemment aussi les couleurs orchestrales (l’intervention des cors dans l’Oro supplex ou l’Offertorium). Et quel bel écrin ce fin connaisseur de la voix offre-t-il à ses remarquables solistes, au premier chef le ténor Fabio Trümpy (qui signe un Ingemisco aussi prenant que stylé) et la basse Nikolay Borchev, admirable dans l’Oro supplex et l’Offertorium, comme en duo avec son collègue (Judex ergo). Dans des emplois plus modestes Ambroisine Bré (soprano, qui a remplacé en dernière minute Francesca Aspromonte), Giuseppina Bridelli (alto) et Philippe Favette (basse II) se montrent eux aussi à la hauteur de l’enjeu.
 
La discographie du Requiem est particulièrement pauvre ; un enregistrement signé Leonardo García Alarcón n’aurait rien de superflu ...
 
Alain Cochard

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Saint-Denis, basilique, 8 juin 2016

Photo Leonardo García Alarcón © CCR Ambronay - B. Pichène

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