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Le Jerusalem Quartet aux Concerts du Dimanche matin – Beauté pure – compte-rendu

Fondé en 1993, le Jerusalem Quartet s’est imposé comme l’un des meilleurs ensembles de musique de chambre de notre époque. Régulièrement invitée par Jeanine Roze aux concerts du Dimanche matin, la formation israélienne se distingue toujours par l’équilibre de son jeu et une technique sans ombre proche de la perfection.
 
Le Quatuor n° 17 « La Chasse » KV 458 de Mozart frappe d’emblée par sa cohérence globale. Le discours très clair aux lignes dessinées fait ressortir avec bonheur la finesse d’écriture et l’architecture d’ensemble d’une œuvre qui se situe dans la descendance de Haydn. Le final (Allegro assai) est à cet égard une merveille de subtilité et d’élégance, servi par une virtuosité qui sait se montrer légère y compris dans le contrepoint le plus serré.
 
Une même assurance se retrouve dans le Quatuor n° 1 de Bartók, d’un fini et d’une plastique sonore idéals. La qualité de l’exécution des trois mouvements enchaînés de l’œuvre s’attache davantage à la forme, et l’Allegro vivace conclusif se révèle, malgré l’engagement des musiciens, moins âpre qu’on ne l’attendrait. Il manque une part de rudesse dans les attaques et ces accents percussifs des cordes si chers au langage bartókien.
 
Pour conclure, le monumental Quatuor n° 16 de Beethoven se caractérise plus par la rigueur de l’interprétation que par le lyrisme ou le sens poétique ; pourtant chaque détail de la partition, chaque accentuation, bénéficie d’une mise en place où la tension le dispute à la beauté pure. Une vision moderne qui se refuse aux excès d’expressivité ou au drame sans manquer toutefois de hauteur de vue.
 
Michel Le Naour

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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 11 novembre 2017
 
Photo © Felix Broede

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