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Le chef-d’œuvre de Caplet retrouvé - 3 Questions à Patrick-Marie Aubert, chef du Chœur de l’Opéra de Paris

Avis aux amateurs de raretés : Le Miroir de Jésus d’André Caplet (1878-1925) sera interprété par le Chœur de l’Opéra de Paris, le 19 mai, sous la direction de Patrick-Marie Aubert, chef de cet ensemble depuis 2009. Ce dernier répond à Concertclassic à l’occasion de la programmation de cette partition méconnue, datée de 1923.

Quel regard portez-vous sur l'évolution du Choeur de l'Opéra depuis que vous en avez pris la direction ? 

Patrick-Marie Aubert : Depuis ma prise de fonction en août 2009, le Chœur de l’Opéra a participé à plus de 450 représentations ! C’est dire la capacité de cet ensemble à se définir comme une vraie machine de spectacles. Pour arriver à un tel résultat, une organisation très particulière des répétitions a été mise en place. Elle permet aujourd’hui aux artistes de se présenter devant le public dans les meilleures conditions possibles (connaissance parfaite de l’ouvrage en quelque langue que ce soit, maîtrise de la mise en scène). Se sont ajoutés aux spectacles lyriques des concerts qui attirent maintenant un large public. Le meilleur exemple en est sans doute Le Roi David d’Honegger qui a attiré l’an dernier plus de 1500 personnes au Palais Garnier.
Rappelons que le Chœur de l’Opéra se compose de 112 artistes titulaires et d’une soixantaine d’artistes surnuméraires, tous recrutés à un haut niveau d’excellence.

  Le Miroir de Jésus d'André Caplet est au programme de votre prochain concert. Majeure dans la littérature chorale du 20e siècle, cette partition demeure méconnue : pouvez-vous la présenter rapidement à ceux qui viendront la découvrir le 19 mai ?

P. M. A. : Il s’agit sans nul doute du chef-d’œuvre de Caplet, l’ami et le disciple de Debussy, œuvre dans laquelle jamais sa musique n'a atteint une telle force dramatique et descriptive. D'un grand mysticisme, puisant aux racines d'une foi authentique, Le Miroir de Jésus a été composé entre avril et septembre 1923. Confiant à trois voix a cappella le rôle d'annoncer : « Quinze petits poèmes sur les saints mystères du Rosaire qu'Henri Ghéon composa et qu'André Caplet de musique illustra », l'auteur établit un contact immédiat avec son auditoire. Puis, l'ouvrage se divise en trois parties : le Miroir de joie, le Miroir de peine, le Miroir de gloire. Chacune de ces trois parties est précédée d'un prélude confié aux instruments seuls, d'une écriture systématiquement différente. La soliste chante, psalmodie et dit le texte d’Henri Ghéon, accompagnée par un quintette à cordes et une harpe. C’est Janina Baechle qui sera la mère de Jésus, celle dans les yeux de laquelle la vie de son enfant se reflète comme dans un miroir. Le Quatuor Psophos, Sylvain Le Provost à la contrebasse, Emmanuel Ceysson à la harpe et les dames du Chœur de l’Opéra l’accompagneront dans ce triptyque visionnaire, annonciateur de Messiaen et Dutilleux.

  Quels sont les grands défis et projets pour Choeur durant les saisons à venir ? 

P. M. A. : Je ne peux que vous parler de la saison prochaine qui sera pour le Chœur l’occasion de fêter les bicentenaires de Wagner et de Verdi, deux compositeurs qui ont écrit quelques-unes des plus belles pages chorales, à l’occasion d’un grand concert unique le 20 mars 2013 dans la grande salle de l’Opéra Bastille. Un autre grand moment sera sans doute le Requiem de Verdi en fin de saison ! Mais la scène restera notre quotidien avec des ouvrages aussi variés qu’intéressants que nous aurons à cœur de défendre (Carmen, Gioconda, Khovantchina, Tosca, Der Zwerg, etc.).

Propos recueillis par Alain Cochard, le 7 mai 2012

Caplet : Le Miroir de Jésus
19 mai 2012 – 20h
Paris – Amphithéâtre de l’Opéra Bastille

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Photo : DR
 

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