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Laurent Cabasso à Gaveau - Engagement et musicalité - Compte-rendu

Peu présent sur les scènes parisiennes, Laurent Cabasso donnait, Salle Gaveau, un récital sur un piano de concert Gaveau de 1927 superbement restauré par les soins de Stephen Paulello, dans le but de remettre à l’honneur un patrimoine mis quelque peu sous le boisseau face à la concurrence d’instruments plus puissants capables de s’imposer dans les grandes salles de concert.

L’interprétation de la Première Partita de J.S. Bach, malgré l’ambitus sonore assez resserré, recherche une palette de timbres riche et variée où la rigueur du jeu du soliste se met au service d’une poésie contenue. Le même sentiment prévaut dans l’exécution de la 5ème Sonate en la mineur D. 537 de Schubert : la qualité du toucher, l’engagement dans l’Allegro ma non troppo initial, la finesse du trait et le charme de l’Allegretto quasi andantino, débouchent sur un Allegro vivace tourmenté et mélancolique. Le Gaveau trouve enfin sa pleine expression et son naturel dans la mise en valeur subtile de l’Alborada del gracioso et La Vallée des cloches extraits des Miroirs de Ravel. Sous les doigts agiles et fluides du soliste, l’équilibre des différents registres comme la douceur des attaques séduisent constamment.

Cabasso dégage ensuite avec bonheur les humeurs et les climats du Carnaval op 9 de Schumann : l’intensité de l’expression le dispute à la grâce et au geste chorégraphique. Les bis généreux où Debussy (Et la lune descend sur le temple qui fut, Feux d’artifice) côtoie Bach (la Gigue, très enlevée, de la Suite française n°5) concluent ce récital d’une belle tenue et d’une intense musicalité.

Michel Le Naour

Paris, Salle Gaveau, 4 novembre 2013

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Photo : Julien Mignot
 

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