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L’Atelier lyrique chante Mozart à l’Auditorium du Louvre – Esprit, charme et tendresse – Compte-rendu

Comme c’est le cas de façon assez régulière, des membres de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris (quatre parmi les douze chanteurs que cette structure accueille) avaient rendez-vous il y a peu sur la scène de l’Auditorium du Louvre, cette fois dans un programme Mozart composé de lieder et de mélodies, ainsi que des rares Six Nocturnes pour trois voix et trois cors de basset (KV 346, 436, 437, 438, 439 & 549). La présence de ces instruments à vent, joués par des membres de l’excellent Quatuor Absinthe, aura permis de goûter au début de chaque partie du concert à un divertimento (les nos 3 et 4) tiré du KV 439b. Une musique pleine de finesse, d’humour, d’esprit, amicale en un mot, que les interprètes ont servie avec cohésion, précision des attaques, vivacité et sens des couleurs - que de merveilles dans les adagios… Voilà qui prouve une fois de plus combien la réputation des souffleurs français est fondée.
 
Un prélude idéal à des mélodies et lieder confiés à la soprano guatémaltèque Adriana Gonzalez (Dans un bois solitaire a montré un français encore très perfectible, mais on a aimé son Ridente la calma  - et pu constater le professionnalisme d’une artiste qui se produisait… avec une cheville dans le plâtre !) et à la mezzo irlandaise Gemma Ní Bhrian (d’une expression à la fois vibrante et contenue dans Das Lied der Trennung, Als Luise die Briefe et Abendempfindung). Petite incursion dans l’opéra : une belle complicité unit les deux chanteuses dans le « Ah perdono al primo affetto » de la La Clemenza di Tito, avant que la riche voix de Ruzan Mantashyan ne fasse merveille dans Oiseaux si tous les ans, An die Freude, mais aussi Wiegenlied de Bernhard Flies (1770-1851), trois pièces brèves qui suffisaient à souligner le sens de la caractérisation de la jeune soprano arménienne. Au piano, Yoan Héreau, Alfredo Abbati et Benjamin Laurent, trois des quatre pianistes-chefs de chant de l'Atelier lyrique, auront été les complices des chanteuses durant cette première partie

Après un Quatrième divertimento KV 439b, sans doute encore plus abouti que le Troisième, R. Mantashyan et G. Ní Bhrian ont fait équipe avec la basse ukrainienne Andriy Gnatiuk pour les Six Nocturnes. Des miniatures lyriques, de petits bijoux de sensibilité dont le charme était vécu avec une jeunesse et une tendresse irrésistibles. La sonorité fruitée, l’attention de chaque instant des membres d’Absinthe envers les voix n’auront pas été pour rien dans le succès de ce Mozart méconnu. 
 
Alain Cochard
 
Paris, Auditorium du Louvre, 6 mai 2015

L'Atelier Lyrique 2014/2015 © Mirco Magliocca

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