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L’Amour des trois oranges à l’Opéra Bastille - Bien mûres - Compte-rendu
La meilleure mise en scène de Gilbert Deflo ? Probable. Et pourtant, cet Amour des trois oranges avec son méli-mélo redondant de cirque et de commedia dell’arte, sa référence aux Enfants du Paradis – Le Prince revêt un costume de Pierrot qui évoque celui endossé par Jean-Louis Barrault dans le film de Marcel Carmé – est tout de même plus d’une fois foutraque.
Vu à la fin de la deuxième série de reprises (il reste encore deux représentations les 11 et 13 juillet), le spectacle flottait quelque peu, inévitable délitement devant une telle suractivité scénique. Mais la distribution compensait en partie cela.
Prince toujours altier – et qui s’étrangle sur un seul des suraigus dont Prokofiev a truffé le rôle– Charles Workman préserve l’esprit premier du spectacle, une grâce funambulesque continue à guider ses grands pas et sa triste tête. A lui seul il serait la poésie de la soirée, si la Ninette d’Amel Brahim-DJelloul ne la lui ravissait in extremis, si gracieuse, si solaire, une merveille. Même fatigué, Alain Vernhes est toujours un impayable Roi de Trèfle, et toute la troupe se régale, la Cuisinière d’Hans-Peter Scheidegger et le Farfarello d’Antoine Garcin en tête. Irrésistible, tranchant et subtil, d’une vitalité inextinguible, le Truffaldino d’Eric Huchet emportait la soirée.
Mais c’est d’abord devant la direction cursive d’Alain Altinoglu qu’on s’incline. Il rendait à l’Orchestre de la Grande Boutique les couleurs que jadis lui avait si implacablement ravies Sylvain Cambreling. Prokofiev aurait adoré.
Jean-Charles Hoffelé
Prokofiev : L’Amour des trois oranges - Paris, Opéra Bastille, le 9 juillet, prochaines représentations, 11 et 13 juillet 2012. www.operadeparis.fr
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Photo : Opéra national de Paris/ Ch. Leiber
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