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L’abbaye musicienne - 3 questions à Michel Wolkowitsky, fondateur et directeur artistique du Festival International de l’Abbaye de Sylvanès

Depuis le 11 juillet et jusqu’au 29 août, Sylvanès vit au rythme de son Festival. Mais la vie musicale de l’abbaye cistercienne ne se limite pas à cette période et se développe en fait sur l’ensemble de l’année, avec une importante activité pédagogique.

Avant d’aborder l’édition 2010 du festival, quelle place la musique occupe-t-elle de façon plus générale dans le cadre du Centre culturel de rencontres qu’est l’Abbaye de Sylvanès ?

Michel WOLKOWITZKY : La musique, et surtout la musique vocale et liturgique, est à l’origine de notre aventure à Sylvanès. Le festival et la création musicale ont été les éléments forts qui nous ont permis de faire revivre ce lieu, et de le restaurer surtout. Il y a trente-cinq ans, il était abandonné, en partie ruiné. La personnalité du Père André Gouzes, lui-même compositeur de musique liturgique, et tout ce que nous avons pu développer non seulement au sein du festival mais également avec tous les programmes de formation qui ont lieu pendant l’année ont contribué à sa renaissance. Quand on connaît le lieu et surtout quand on apprécie l’acoustique grandiose que l’on trouve ici, on se dit que l’on ne pouvait pas faire autre chose.

Comment avez-vous conçu le Festival 2010, quelles en sont les axes principaux ?

M. W. : C’est une édition qui s’inscrit dans la continuité de ce que nous avons développé depuis 2001. Jusqu’à cette date le festival était très axé sur les répertoires de la musique occidentale. A partir de 2001 nous avons fait une ouverture sur toutes les grandes traditions sacrées du monde et également sur des musiques beaucoup plus populaires et plus traditionnelles. Cette année des thématiques émergent : 2010 est une année jacquaire(1), des programmes tournent donc autour de la dimension du pèlerinage, l’année France-Russie oriente par ailleurs aussi notre programmation. Ce qui nous plaît à Sylvanès, c’est d’avoir développé depuis quelques années un espace de rencontre entre toutes les grandes traditions du monde, aussi bien sacrées que traditionnelles – car j’estime que la musique, quand elle est l’expression de l’âme d’un peuple, présente aussi une dimension sacrée ; le sacré n’est pas que religieux. Que la « grande » musique flirte avec des répertoires plus traditionnels, plus profanes nous permet de toucher des publics qui nous n’attirions pas auparavant à Sylvanès, qui avait une connotation un peu élitiste. Nous sommes passés à autre chose ; la fréquentation a crû, nous touchons des publics nouveaux qui ne sont pas forcément attirés par la «grande » musique mais qui vont aussi en écouter. Les musiques du monde nous ont permis de rajeunir considérablement le public. Nous sommes dans un endroit très isolé et il faut avoir la capacité d’attirer le monde, de donner envie de venir. Nous avons réussi ce pari et nous essayons maintenant de l’exploiter, tout en gardant au Festival de Sylvanès sa dimension propre. Tous les ans nous mettons un point d’honneur à présenter des créations, de spectacles, d’œuvres contemporaines. La musique contemporaine côtoie les musiques anciennes : nous nous efforçons d’offrir un éventail très diversifié.

Ateliers de chant choral, stages de chant sacré : qu’en est-il des activités pédagogiques qui accompagnent le festival ?

M.W. : La musique vocale domine. L’élément principal est l’Académie de chœur et d’orchestre placée sous la direction de Michel Piquemal, qui existe depuis vingt et un ans. C’est une vraie fête musicale où, quinze jours durant, on monte des œuvres qui sont données dans le cadre du festival. Nous avons aussi un programme de masterclasses pour chanteurs avec des répertoires très différents, des ateliers de chant choral aussi. Toute cette formation musicale, qui part de l’enfant pour aller jusqu’au jeune professionnel en passant par l’amateur éclairé, a lieu toute l’année et pas seulement pendant le festival. C’est une activité phare du Centre culturel de Sylvanès.

Propos recueillis par Alain Cochard

(1) une année sainte Saint Jacques

Festival International de l’Abbaye de Sylvanès(Aveyron)
Jusqu’au 29 août 2010
Programme détaillé : www.sylvanes.com

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Photo : DR
 

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