Journal

​« La vie de Fanny Mendelssohn » au Festival Saint-Denis 2025 – Un pur bijou – Compte-rendu

 
 
Avant son démarrage « officiel », le 2 juin, le Festival de Saint-Denis comporte cette année un important volet jeune public, qui présentait entre autres un spectacle autour de Fanny Mendelssohn, conçu par Héloise Luzzati et David Kadouch – dans le cadre de la Cité des Compositrices.
À quatre reprises, 500 scolaires ont pu découvrir une petite merveille d’intelligence, de sensibilité et d’exigence musicale. Tout le contraire des réalisations parfois... discutables auxquelles les politiques jeune public peuvent donner lieu. Et la preuve par un total de 2000 enfants et jeunes adolescents que l’on peut viser haut à condition de viser juste. 

 

© Festival de Saint-Denis

 
Equilibre parfait
 
Raconter la vie de Fanny Mendelssohn : en collaboration avec Héloïse Luzzati et David Kadouch, Pauline Delabroy-Allard a écrit un texte vivant, débarrassé des pesanteurs du récit biographique et pourtant absolument exact. Par la voix de la comédienne Marianne Denicourt (et pour quelques brèves répliques, celle de David Kadouch), il fait revivre une magnifique compositrice qui dut se contenter d’une petite, toute petite place dans l’ombre de son glorieux frère Felix – musicien allemand le plus célèbre de son temps. Raconter, certes, mais d’abord par la musique ... La violoniste Sarah Dayan se joint à la violoncelliste et au pianiste pour divers extraits musicaux, dont deux tirés du splendide Trio op. 11 qui encadrent le programme. On trouve en outre des pièces en duo (dont la Fantaisie en sol mineur pour violoncelle, très en situation) et du piano solo (en particulier quelques numéros tirés de Das Jahr, recueil que David Kadouch connaît bien depuis son album « Les musiques de Madame Bovary »).

> Les prochains concerts "Fanny Mendelssohn" <

 

© Festival de Saint-Denis

 
Un magicien à l’écoute
 
Texte, musique : l’équilibre s’avère parfait. Et puis, côté cour de la scène, se tient un véritable magicien : l’illustrateur Pierre Creac’h qui, en direct (par le biais d’un système de rétroprojection), fait vivre Fanny Mendelssohn par le trait et la couleur. On avait déjà eu l’occasion de saluer son travail l’an passé lors de l’inauguration du festival Un Temps pour Elles à l’Abbaye de Maubuisson (1) – il a d’ailleurs aussi pris part au Calendrier de l’Avent de La Boîte à Pépites.
De l’illustration, certes mais, plus encore : Pierre Creac’h manifeste une rare aptitude à faire corps avec les paroles ou la musique. On est autant admiratif de son travail que les jeunes spectateurs réunis dans la basilique des roys et l’on n’est pas prêt d’oublier le dernier « tableau » du spectacle, sur l’Allegro molto vivace initial du Trio op. 11, qui à partir d’une esquisse, comme en filigrane, fait peu à peu surgir – par le crayon, le pinceau, le pastel – un portrait radieux de Fanny. Moment aussi admirable qu’émouvant, comme tout ce qui a précédé.
 
2000 scolaires concernés – dont l’attention soutenue, pendant l’heure que dure cette « vie de Fanny », vaut tous les éloges –, voilà qui est déjà fort bien, mais à la vérité on a affaire à un magnifique spectacle tout public qu’il serait impardonnable de ne pas faire tourner. Avis aux programmateurs : vous tenez là un pur bijou !
 
Alain Cochard
 

Saint-Denis, Basilique, 22 mai 2025
 

(1) www.concertclassic.com/article/inauguration-du-festival-un-temps-pour-elles-2024-labbaye-de-maubuisson-ouverture-de-feerie

Photo © Festival de Saint-Denis

Partager par emailImprimer

Derniers articles