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Julien Chauvin, violoniste et chef – Le Concert de la Loge Olympique renaît
On vous a dit la semaine dernière tout le bien que l’on pense de l’Armida de Haydn vue par Mariame Clément qui, après l’Opéra de Massy, circule jusqu’au mois de mars dans le cadre d’une tournée de l’Arcal. L’intelligence de la mise en scène, la qualité et l’enthousiasme collectif du plateau (avec une Chantal Santon admirable dans le rôle-titre) sont pour beaucoup dans la réussite du spectacle. Mais son chef, Julien Chauvin, apporte lui aussi une contribution décisive.
Plusieurs fois ce fin musicien s'est distingué dans le domaine lyrique, dirigeant du violon des ouvrages en version de concert (Atys de Piccinni, Le Saphir de Félicien David...), en compagnie des Solistes du Cercle de L’Harmonie. C’est d’ailleurs avec cet ensemble que la tournée d’Armida avait démarré en octobre dernier à Saint-Quentin-Yvelines, Julien Chauvin étant au pupitre cette fois.
On l’a retrouvé il y a peu à Massy... à la tête d’un ensemble dénommé Le Concert de la Loge Olympique.
Jérémie Rhorer et Julien Chauvin ont on s’en souvient fondé Le Cercle de l’Harmonie il y a une dizaine d’années. Rencontres, séparations... ainsi va l’existence : les deux musiciens viennent de prendre la décision de poursuivre leurs chemins de manière indépendante et de commencer l’année en établissant une distinction bien claire entre Le Cercle de l’Harmonie et ses ex-Solistes, désormais dénommés Le Concert de la Loge Olympique.
« Cet ensemble a un noyau dur de 30-35 musiciens, explique Julien Chauvin, et demeurera à géométrie variable, du quintette à une quarantaine d'instrumentistes. » L’envie de s’orienter vers la musique baroque plus que par le passé s’est manifestée dès le premier concert « officiel », le 14 janvier à Gaveau, puisqu’il s’agissait d’accompagner Karina Gauvin dans un programme entièrement haendelien.
Armida n’est que la deuxième production scénique que dirige Julien Chauvin (la première était un Echo et Narcisse de Gluck au CNSMDP en avril 2012 avec l’Orchestre du Conservatoire, dans une mise en scène de Marguerite Borie – le chef remplaçait en dernière minute Thomas Albert souffrant) mais donne tout la mesure de son sens dramatique. Et puisqu'on ne dirige pas qu'avec des idées musicales, fussent-elles excellentes, il faut aussi saluer après l'avoir entendu dans Armida la précision de son geste et le fini instrumental du résultat.
Le passage du violon au pupitre ? Un changement certes, mais pas de différence fondamentale du fait de la complicité que Julien Chauvin entretient avec des musiciens qu’il fréquente depuis une décennie. « Ce qui compte, c’est de les mettre le plus possible dans l’action théâtrale, qu’ils sachent à chaque mesure ce que l’œuvre raconte. Du violon ou du pupitre, ce qui importe c’est ce que j’ai envie de transmettre ».
Quel avenir pour Le Concert de la Loge Olympique ? Outre l’orientation baroque précédemment soulignée, Julien Chauvin et ses troupes ont un projet de collaboration avec René Jacobs. « Chaque année nous allons travailler sur un répertoire particulier, nous songeons à des opéras de Vivaldi, à des cantates de Bach. » Le violoniste, qui n’a aucunement l’intention d’abandonner l’archet, reprendra pour ces occasions son poste de Konzertmeister. « J’ai à cœur, explique-t-il, de collaborer avec des personnalités musicales assez variées telles que Christian Bezuidenhout ou encore Philippe Jaroussky. » Le but de Julien Chauvin n’est aucunement d’avoir son orchestre à lui tout seul mais de faire du Concert de la Loge Olympique un ensemble à part dans le paysage français, inspiré des modèles pleinement revendiqués du Concerto Köln et du Freiburger Barockorchester, formations ouvertes à la diversité des collaborations - et des inspirations !
Julien Chauvin et ses musiciens n’en font pas moins un clef d’œil à l’histoire de la musique française en reprenant le nom de la formation fondée au XVIIIe siècle par le Chevalier de Saint-Georges (par ailleurs créateur du… Cercle de l’Harmonie !). « Le Concert de la Loge Olympique était un orchestre extrêmement original et vivant dans ses programmations, il donnait de nombreuses créations, rappelle Julien Chauvin. Notre but est aussi de sortir autant que l’on pourra de la forme un peu sclérosée ouverture-concerto-symphonie, de prendre parfois la liberté, comme cela se faisait à l’époque, de séparer les mouvements d’une symphonie par l’intervention d’une chanteuse ou d'un quintette instrumental. »
Pour l’instant c’est dans Armida que l’on retrouve Julien Chauvin. La collaboration avec Mariame Clément ? « Un rêve de bout en bout, confie-t-il. Mariame est une musicienne très cultivée, nous avons travaillé chaque mesure en lui donnant un sens commun. Nous ne sommes pas arrivés chacun avec une vision définitive et fermée de l’œuvre ; nous avons beaucoup dialogué, expérimenté ensemble. Quatre semaines durant, je n’ai pas raté une seule journée des répétitions scéniques ! Avec les chanteurs, nous sommes toujours restés dans une esprit de troupe. » Puissent caméras et micros garder une trace de cette Armida …
Si le futur nous donnera sûrement l’occasion de retrouver Julien Chauvin à l'archet sous la direction d’un chef invité par le Concert de la Loge Olympique, le violoniste poursuit aussi son activité au sein du Quatuor Cambini-Paris (aux côtés de Karine Croquenoy, Pierre-Eric Nimylowyscz et Atsushi Sakaï) (1). Un beau coffret Mozart (les 6 Quatuors dédiés à Haydn ) sort tout juste chez Ambroisie/Naïve. Atout essentiel pour un chef, on l’imagine aisément, que le contact direct avec les quatuors d’un Mozart ou d’un Haydn quand il fréquente par ailleurs leurs opéras. Notez qu'une occasion d’entendre les Camibini en concert dans un programme tout Mozart, avec Christian Bezuidenhout au clavier, se présente bientôt à Paris (le 18 février, au Couvent des Récollets).
Quant à Armida, rendez-vous dans les jours et les semaines qui viennent à Orléans, Besançon, Clermont-Ferrand, Cergy-Pontoise et Niort.
Alain Cochard
(Entretien avec Julien Chauvin réalisée le 27 janvier 2015)
(1) Interview de Julien Chauvin ( 27/12/2011) : www.concertclassic.com/article/coup-de-coeur-carrefour-de-lodeon-concertclassic-une-interview-de-julien-chauvin-1er-violon
Haydn : Armida – Massy, Opéra, 23 janvier 2015 ; prochaines représentations 11 février (Orléans), 19 février (Besançon), 25 et 27 février (Clermont-Ferrand), 5 mars (Cergy-Pontoise) et 10 mars (Niort) - www.arcal-lyrique.fr/html/saisons_detail.php?prod=125
Quatuor Cambini-Paris, Christian Bezuidenhout (pianoforte)
Œuvres de Mozart
18 février 2015 – 20h
Paris – Couvent des Récollets
www.pianissimes.org/saison
Site du Concert de la Loge Olympique : www.logeolympique.fr/index.html
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