Soirée wagnérienne salle Pleyel pour l’Orchestre National de Lille : dirigée par Jean-Claude Casadesus, elle réunit des extraits de La Walkyrie et de Tristan et Isolde, donnés avec le concours de la soprano italo-allemande Anja Kampe et de ténor américain Robert Dean Smith - un familier du Festival de Bayreuth. Dans ce programme redoutable qui met à nu tous les sentiments humains, les musiciens sans cesse sollicités s’engagent avec un enthousiasme de tous les instants.
 
La phalange lilloise a acquis en un an de la densité et a appris aussi à mieux s’écouter depuis qu’elle a réintégré son Auditorium flambant neuf du Nouveau Siècle (cf Préludes de l’acte I de La Walkyrie et de l’acte III de Tristan et Isolde). Côté voix, Robert Dean Smith n’a certes plus le physique idéal de Siegmund et sa voix ne tient plus toujours la ligne en Tristan. Il assume néanmoins avec efficacité et solidité des rôles qu’il connaît à la perfection et dont il s’est fait une spécialité depuis de nombreuses années. La Sieglinde d’Anja Kampe crève en revanche l’écran par son identification au personnage, sa féminité frémissante sous l’emprise irrépressible de la passion.
Dans la mort d’Isolde, elle atteint des sommets d’intensité que prolonge la baguette d’un chef littéralement transporté par un flux musical dominé d'un geste ample et fluide. Les derniers accords contiennent ainsi en germe tout un monde passé et à venir dont on ne sort pas indemne. Le public, comblé par cette soirée de rêve, applaudit à tout rompre.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Salle Pleyel, 15 février 2014

Photo © Ugo Ponte / onl