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Inauguration du Nouvel Auditorium de Radio France - Un écrin de bois pour la musique - Compte-rendu

Avec deux mois d’avance sur la Philharmonie de Paris dans le Parc de La Villette (2400 places) la Maison de la Radio a inauguré le 14 novembre son tout nouvel Auditorium (1461 fauteuils) qui doit à l’avenir accueillir le public parisien pour les concerts de ses formations. Autant dire que le passage de 2014 à 2015 représente dans la capitale une véritable révolution dans les habitudes des mélomanes ! Adieu à la musique symphonique avenue Montaigne, le Théâtre des Champs-Elysées se vouant désormais davantage à l’opéra et au ballet. Adieu – théoriquement – à la salle Pleyel, quel que soit son avenir (au demeurant bien incertain) au profit du gigantisme de la grande salle de La Villette. On en reparlera…
 
A Radio France, le baptême a donc eu lieu ce week-end sous les meilleurs auspices, en présence du Premier ministre et de la Maire de Paris qui avaient décidé la trêve dans leur querelle née de fâcheux dépassements de crédits à La Villette, ainsi que de la ministre de la Culture Fleur Pellerin et de quelques prédécesseurs, de Jack Lang à Frédéric Mitterrand en passant par Jacques Toubon. Implantée dans le vieux bâtiment inauguré par Charles de Gaulle en 1963, en lieu et place de deux petits auditoriums, la nouvelle salle a la forme d’un cylindre à la manière du Théâtre des Champs-Elysées, mais est tapissée d’une marqueterie de bois aux couleurs chaudes, qui recouvre les trois étages de balcons. L’ensemble est coiffé d’une grosse lentille modulable également en bois.
 
A en juger par ce premier concert, l’acoustique réglée par Yasuhiha Toyota (du cabinet Nagata Acoustics America) est saine. Peu réverbérée, elle s’avère impitoyable avec les musiciens qui devront apprendre à l’utiliser au mieux. Ce qui n’a pas été le cas de tous pour ce premier essai grandeur nature ! Essuyant les plâtres, l’Orchestre National et son patron Daniele Gatti se sont quelque peu noyés dans l’inconnu nous livrant une ouverture de Tannhäuser lymphatique avant une interminable Suite du Chevalier à la rose de Strauss sans relief pour ne pas parler d’un Boléro en pilotage automatique…
 
Myung Whun Chung et le Philharmonique ont, par comparaison, frisé la perfection. Sans un geste de trop, avec sa précision chirurgicale, le maestro a passé l’obstacle avec des extraits du Roméo et Juliette de Prokofiev à la fois raffinés et contrastés. L’Ave Verum Corpus de Mozart mit justement en valeur des chœurs au mieux de leur forme avant une 2ème Suite de Daphnis et Chloé de Ravel que le Philharmonique fit sonner comme rarement au point qu’il fallut en appeler à Carmen pour étancher l’enthousiasme du public.

Jacques Doucelin
 
Paris, Auditorium de Radio-France, 14 novembre 2014

Photo © David Abramowitz

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