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Hervé Niquet dirige Un Requiem allemand en clôture des Flâneries musicales de Reims – Un stimulant regard – Compte-rendu

Les trois représentations de Don Quichotte et la Duchesse de Boismortier programmées au Festival de Radio France et de Montpellier (1) vont bientôt permettre de retrouver Hervé Niquet (photo) à la tête de son Concert Spirituel, formation à laquelle il est immédiatement associé dans l’esprit du public français. Au point que celui-ci en oublie parfois un peu que l’artiste est aussi directeur musical du Chœur de la Radio flamande (Vlams Radio Koor) et premier chef invité du Brussels Philharmonic depuis 2011.
 
 Jean-Philippe Collard, directeur artistique des Flâneries musicales de Reims, a convié ces deux excellentes formations et leur chef pour la soirée de clôture d’une 26e édition riche de près d’une soixantaine de concerts répartis dans de nombreux lieux de la ville et de ses environs. Avec pour slogan« Révisez vos classiques ! », la manifestation champenoise se terminait par l’une des plus fameuses œuvres chorales du XIXe siècle germanique, Ein Deutsches Requiem de Brahms, donné dans le magnifique cadre de la Basilique Saint-Rémi. C’est un stimulant regard qu’un musicien venu de l’univers baroque a porté sur la partition d’un créateur nourri de l’exemple de ses devanciers, à commencer par Bach.
 

Photo © Axel Coeuret
 
A l’opposé de conceptions par trop massives et théâtrales de l’ouvrage, l’interprétation d’Hervé Niquet retient immédiatement l’intérêt par la clarté des textures et le relatif allant des tempi. Tout y est aussi simplement dit qu’authentiquement vécu par des forces vocales et orchestrales dont on ne peut que louer l’homogénéité et l’implication. Autant que l’humilité et la ferveur avec lesquelles les deux solistes interviennent ; le baryton Tassis Christoyannis, qui offre un nouvel exemple de la diversité de son art avec une homogénéité et une qualité d’intonation irréprochables, et Hendrickje Van Kerckhove dont le soprano ambré apporte autant de poésie que d’intériorité au Ihr habt nun Traurigkeit (le chœur intervenant assis dans ce morceau, ce qui contribue à l’équilibre d’ensemble).
 
Une lumineuse confiance se dégage d’une approche fuyant la monumentalité pour gagner en expressivité (le Denn alles Fleisch, intense mais jamais tonitruant, est de ce point de vue exemplaire), avec une intelligence dans le déploiement de la polyphonie (superbe fugue de l’avant-dernier épisode) qui démontre que le sens des mots et la philosophie consolatrice de l’ouvrage guident l’interprétation jusqu’au Selig sind die Toten conclusif que l’harmonie du Brussels Philharmonic éclaire de ses belles interventions.
 
Concert de clôture de Flâneries ? Certes, mais le public a comme de coutume encore rendez au Parc de Champagne (le 18/07) pour le rituel « Concert pique-nique ». Il réunit cette fois Vassilena Serafimova (marimba) et Thomas Enhco (piano) en première partie mi-classique mi-jazz d’une soirée que concluent l’Orchestre national de Lille et Jean-Claude Casadesus avec des Carmina Burana pour lesquelles un bel ensemble choral champenois, le Chœur Nicolas de Grigny (dir. Jean-Marie Puissant), sera leur allié.
 
Alain Cochard
 
(1) les 16 et 17 juillet 2015 / www.festivalradiofrancemontpellier.com
 
Reims, Basilique Saint-Rémi, 10 juillet 2015
 
Concert Pique-Nique
Vassilena Serafimova (marimba) et Thomas Enhco (piano)
Chœur Nicolas de Grigny, Orchestre national de Lille, dir. Jean-Claude Casadesus
18 juillet 2014 – 19h
Reims - Parc de Champagne
www.flaneriesreims.com

Photo © Michèle Crosera

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