Journal

Gustavo Dudamel, un conquérant enthousiasme


Gustavo Dudamel se range sans conteste parmi les plus charismatiques jeunes chefs apparus sur la scène internationale ces dernières années. Que cet artiste, né en 1981, soit de nationalité vénézuélienne n’a rien d’un hasard, tant ce pays a oeuvré en faveur de l’éducation musicale et de la pratique symphonique. « Un pays semé d’orchestres » : ainsi a-t-on décrit le résultat de l’action amorcée au milieu des années 1970 sous l’impulsion José Antonio Abreu. 12 février 1975 : le premier concert officiel de l’Orchestre National des Jeunes du Venezuela marquait en effet le commencement d’une formidable entreprise artistique et humaine : le Système National d’Orchestre de Jeunes du Venezuela – « el Sistema ».

Un document du Conseil International de la Musique daté de 2003 (1) faisait ainsi état au Venezuela d’un réseau de 120 orchestres de jeunes et 60 orchestres d’enfants (115 000 jeunes et enfants impliqués) dont la mission musicale mais aussi sociale a inspiré d’autres pays latino-américains et dont les résultats ont valu de nombreuses et légitimes distinctions à José Antonio Abreu. Un exemple à méditer pour pas mal de nos « décideurs » culturels si prompts à céder dans leurs élans de jeunisme à la facilité et à la démagogie… Passons.

L’un des grands bonheurs de José Antonio Abreu est sûrement d’avoir compté parmi ses élèves le jeune Gustavo Dudamel. Violoniste de formation, celui-ci débuta l’étude de la direction en 1996, sous la conduite de Rodolfo Saglimbeni, puis la poursuivit à partir de 1999 avec Abreu tout en occupant le poste directeur musical de l’Orchestre de jeunes Simon Bolivar du Venezuela. Déjà !
La valeur n’attend pas et les années suivantes permirent au musicien de se hisser au firmament de la jeune génération des chefs. Un Premier Prix au Concours Gustav Mahler de l’Orchestre Symphonique de Bamberg a indubitablement compté dans cette irrésistible ascension, mais ce sont d’abord des apparitions très remarquées à la tête de nombreuses phalanges réputées (dès 2005 on entend ainsi Dudamel pour la première fois avec le Philharmonique de Radio France, le Philharmonique de Los Angeles, l’Orchestre de Santa Cecilia et l’Orchestre de Göteborg - dont il deviendra chef principal dès la rentrée 2007) et l’estime d’aînés prestigieux tels que Abbado ou Rattle (qui avaient accepté dès 2004 de venir diriger au Venezuela l’Orchestre de jeunes de Dudamel) qui expliquent son succès.

Car on ne résiste pas au « phénomène » Dudamel ; à l’énergie et au contagieux bonheur de jouer qui émanent de ses interprétations. Paris à plusieurs fois eu l’occasion d’entendre le jeune maestro vénézuélien et l’on ne doute pas que son concert de vendredi prochain à Pleyel attirera à un public nombreux, d’autant que Dudamel y aura pour soliste Renaud Capuçon. Après avoir entendu ce dernier en très belle forme il y a peu dans le Concerto de Schumann avec Daniel Harding, on le retrouve dans un autre ouvrage rare, mais du XXe siècle cette fois : le Concerto en ré majeur d’Erich Wolfgang Korngold.

C’est Bronislaw Huberman, émigré comme le compositeur aux Etats-Unis, qui le persuada de se lancer en 1945 dans la composition d’une œuvre dont Heifetz donna la première audition en février 1947. Le Concerto op 35 se range parmi les chefs-d’œuvre de la littérature de violon du XXe siècle ; à n’en pas douter sa splendide alliance de lyrisme et de virtuosité fera le régal de Capuçon et de Dudamel. On n’attend pas avec moins d’impatience l’ardent Vénézuélien dans la Symphonie n°1 « Titan » de Mahler, auteur avec lequel il entretient de convaincantes affinités – un bel enregistrement de la 5e Symphonie l’a prouvé.

Alain Cochard

(1) RESONANCE n°34, revue de Conseil International de la Musique (2/2003)

Orchestre Philharmonique, dir. Gustavo Dudamel

Renaud Capuçon, violon

Œuvres de Korngold et Mahler

Salle Pleyel, Vendredi 26 juin à 20h

Concert capté par Arte pour diffusion sur son site arteweblive.com à partir du 30 juin pendant 4 mois en streaming.

Actu en octobre en coproduction Radio France / Pleyel (à Pleyel) :

Concert à 2 orchestres le 23 octobre dirigé par G. Dudamel : OPRF + Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela.

Programme :

- Evencio Castellanos : Santa Cruz de Pacairigua

- Maurice Ravel : Daphnis et Chloé (suite n°2)

- Hector Berlioz : Symphonie fantastique

Concert le 24 octobre dirigé par G. Dudamel avec Renaud capuçon et le Simon Bolivar

Programme :

- Tchaïkovski : concerto pour violon et orchestre en ré majeur

- Chostakovitch : Symphonie n°5


> Lire les autres articles d’Alain Cochard

> Salle Pleyel

Photo : Mathias Bothor / DG

Partager par emailImprimer

Derniers articles