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François Bazola et l’Ensemble Consonance – Un ancrage revendiqué

Le jeune festival « Concerts d’Automne » de Tours compte parmi ses missions premières la mise en valeur des formations d’une ville et d’une région très riches sur le plan de la musique ancienne. Outre Doulce Mémoire, Diabolus in Musica et l’Ensemble Jacques Moderne, l’édition 2017 fait appel à l’Ensemble Consonance, créé et installé à Tours en 2011 par le chanteur et chef François Bazola (photo).

Rien d’étonnant au choix de cette ville, indissociable du parcours de l’artiste : c’est à Tours en effet, à l’Université François Rabelais, qu’il poursuivit le cursus qui le mena à l’agrégation de musicologie. En parallèle, il y entreprit l’étude du chant au Conservatoire, avant de prendre la direction de Paris pour travailler au CNSM avec William Christie (qui, rappelons-le, a enseigné dans cet établissement de 1982 à 1995).

François Bazola © DR

Rapidement le jeune chanteur eut l’occasion de participer à des projets des Arts Florissants et, en 1987, F. Bazola faisait partie du chœur de la mythique production d’Atys – « chœur-pépinière » où l’on relevait les noms de Véronique Gens, Hervé Niquet, Joël Suhubiette, etc. Fort de la confiance de William Christie, François Bazola sera par la suite amené à prendre la direction du Chœur des Arts Flo, fonction qu’il continue d’exercer aujourd’hui – c’est à lui que reviendra la préparation de la formation pour Jephta de Haendel au Palais Garnier en janvier prochain.(1)

La précoce découverte de Tours et l’attachement du musicien à une cité où il se sent bien et a fondé une famille permet donc de comprendre son choix lorsque l’idée de créer son propre ensemble a germé – « ancrage revendiqué et délibéré, insiste F. Bazola, à Tours mais aussi dans la Région Centre dont la Drac apporte son soutien à Consonance. »
Le 22 octobre, au Grand Théâtre, François Bazola invite les auditeurs à un « concert au café Zimmermann à Leipzig » ; un programme Bach (Concertos à 3 et 4 clavecins, Suite n° 2) et Telemann (extr. de la Tafelmusik) conçu comme « un clin d’œil à la diversité et à la qualité des musiciens de Tours. » A côté des instrumentistes de Consonance, les solistes auront en effet pour noms Yuki Koike (violon), Jocelyn d’Aubigney (flûte), Xavier Richard (violoncelle), Sébastien Wonner, Jean-Miguel Aristizabal, Pierre Gallone et Yohann Moulin (clavecins).

L'Ensemble Consonance & François Bazola © Rémi Angeli

Ce concert tout instrumental apparaît toutefois assez atypique dans l’activité d’une formation dont le chef tend à privilégier la musique vocale, en collaboration avec des ensembles amateurs locaux ou régionaux. Ainsi a-t-on pu entendre Consonance et l’ensemble vocal féminin Cassiopée dans des œuvres de Vivaldi et Pergolèse en septembre dernier. Il y a quelques jours ce sont les Vêpres de Monteverdi qui ont occupé F. Bazola, avec le concours d’une trentaine de choristes recrutés sur audition, spécifiquement pour ce projet. En décembre, Consonance retrouvera l’ensemble vocal Erik Satie pour un programme tout entier dédié à Haendel.
Mais qu’on n’imagine pas les activités de F. Bazola et de ses troupes cantonnées à Tours et à la Région Centre. En 2016  Consonance a par exemple été invité – belle marque de reconnaissance – à inaugurer le Festival de la Chaise-Dieu avec les Vêpres de Monteverdi, projet qui s’inscrivait dans le cadre du partenariat noué en 2014 entre l’ensemble et le Chœur du Centre de Musique Sacrée du Puy-en-Velay.

Celui-ci fête son 20e anniversaire cette année et la célébration fournit prétexte à un concert au Puy en novembre. F. Bazola va ravir les amateurs de partitions fameuses (l’inoxydable Te Deum de Marc-Antoine Charpentier est programmé) autant que les curieux : il a aussi retenu un motet de Louis Grénon (1734-1769), qui fut en activité au Puy-en-Velay de 1754 à 1763 (le CMBV a édité trois volumes de ses compositions, à partir du fonds très important de la Cathédrale du Puy). C’est non sans une certaine émotion, on l’imagine, que F. Bazola s’apprête à faire renaître la musique de Grénon dans le cadre pour lequel elle fut originellement écrite.

Bien occupé, on le voit, Consonance prépare aussi un enregistrement ; le mois d’avril prochain sera marqué par la captation d’un programme du XVIIe siècle italien formé de pièces, pour la plupart inédites au disque, de L. et S. Rossi, Cazzati, d’un peu de Monteverdi aussi. Joliment intitulée « Dolci affetti », la galette est attendue courant 2018 sous le label AmeSon.

Et François Bazola chanteur ?  Il chante, certes plus taille comme du temps d’Atys, mais baryton-basse désormais, et n’hésite par à s’aventurer chez ... Puccini ! Par le passé, au Grand Théâtre de Tours, on l’a entendu de le tio Bonzo de Butterfly ou le notaire de Gianni Schicchi. En mai dernier, il campait Sciarrone dans la Tosca mise en scène par Pier-Francesco Maestrini et dirigée par Benjamin Pionnier. « J’y prend beaucoup plaisir, ça aère l’esprit », dit F. Bazola de ces échappées en terre non baroque ! D’autres se préparent ...

Alain Cochard
(Entretien avec François Bazola réalisé le 28 septembre 2017)

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(1) www.arts-florissants.com/programmation/jephtha-2018.html
 
Ensemble Consonance, François Bazola / Yuki Koike (violon), Jocelyn d’Aubigney (flûte), Xavier Richard (violoncelle), Sébastien Wonner, Jean-Miguel Aristizabal, Pierre Gallone et Yohann Moulin (clavecins)
Œuvres de Bach et Telemann
22 octobre 2017 – 17h
Tours – Grand Théâtre
 
concerts-automne.com/event/concerts-2017-consonance/
 
 
Site de l’Ensemble Consonance : ensembleconsonance.com/
 
Photo François Bazola © DR
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