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Florian Noack joue Medtner & Brahms

Medtner : 2 Skazki op. 20, 2 Skazki op. 8, Brahms : Klavierstücke op. 76, Medtner : Sonata tragica op. 39 n° 5, 2 Skazki op. 48 /
1 CD Artalinna (dist. Socadisc) – sortie officielle le 11 mars

 

La musique de Nikolaï Medtner (1880-1951) fait l’objet de couplages réussis en ce début d’année. Peu après le remarquable disque d’Alexander Paley, qui l’associe à celle de Rachmaninov (1), c’est au tour de Florian Noack de signer un récital Medtner/Brahms très abouti.
Depuis qu’il est apparu dans le paysage pianistique à la toute fin de la décennie 2000, on a plus d’une fois souligné ici les qualités musicales et le profil singulier d’un jeune interprète (né en 1990) qui, sans faire l’impasse sur les grands auteurs du répertoire, manifeste une passion peu commune pour les raretés du piano romantique et post-romantique, russes en particulier. Il s’est ainsi lancé dans une intégrale de l’œuvre de Liapounov (un premier volume est disponible chez Ars Produktion). Rien d'étonnant donc à ce que son nom figure à l'affiche du Festival d'Husum l'été prochain.
 
L’attachement à la tradition romantique du pianiste belge se traduit aussi par un penchant prononcé pour la transcription. On en veut pour preuve d’époustouflantes réalisations de sa main (à partir d’œuvres de Tchaïkovsky, Rachmaninov, Rimski-Korsakov et Liadov) enregistrées en 2014 (1CD Ars production), qui lui ont valu d’être couronné d’un Echo Klassik outre-Rhin l’an dernier.
 

Skazki op. 20 n° 1 (début)- Florian Noack, piano
 
Le « Brahms russe » a-t-on dit de Nikolaï Medtner, formule sans doute un peu rapide mais point infondée si l’on en juge par le refus des effet faciles de l’auteur de La muse et la mode  et son goût prononcé pour des polyphonies complexes où se nichent les secrets d’une âme fière et pudique.
Magnifique voyage intérieur que celui dans lequel Florian Noack nous embarque - c’est le mot qui convient pour décrire ce que l’on éprouve aux premières mesures de l’Opus 20/1-  avec d’abord les Skazki op. 20 et op. 8. Palette sonore sombre, fuligineuse : l’interprète sait traduire l’expression ténébreuse, pessimiste de quatre pages qui mènent aux Klavierstücke op. 76 de Brahms. Un ouvrage dont Noack cultive avec tact la mélancolie amère et solitaire, avant de retrouver Medtner et une Sonata tragica dont la densité et le caractère souvent lapidaire font merveille sous ses doigts. Les deux Skazki op. 48 détendent - timidement – l’atmosphère in fine.
 

Florian Noack © Monica Lawrenz
 
Un disque aussi exigeant que passionnant, marqué du sceau d’un pur poète du clavier. C’est en concert qu’il faut aller l’écouter, le 7 mars à Paris, dans le cadre – parfait pour le piano – du Couvent des Récollets. La série Les Pianissimes, qui avait déjà convié l’artiste au Cercle Suédois en 2013(2), est l’instigatrice de ce rendez-vous. La bluffante transcription par Noack du Concerto pour 4 claviers BWV 1065 de Bach, créée l’été passé au Festival de l’Empéri, ouvre le programme (3), suivie de pages de Brahms (Klavierstücke op. 76), Medtner (Skazki op. 48) et de deux des Etudes d’exécution transcendante op. 11 de Liapounov. Puisse le pianiste nous offrir vite l’intégralité de ce cahier en concert !
 
Alain Cochard

logo signature article

(1) www.concertclassic.com/article/medtner-et-rachmaninov-par-alexander-paley
(2)www.concertclassic.com/article/florian-noack-aux-pianissimes-frisson-poetique-compte-rendu
(3) www.youtube.com/watch?v=T6XSmqnuHpY

Florian Noack, piano
Œuvre de Bach/Noack, Brahms, Medtner et Liapounov
7 mars 2016 – 20h
Paris – Couvent des Récollets
http://www.pianissimes.org

Site de Florian Noack : www.floriannoack.com

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