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Florian Noack, du Festival de Radio France Montpellier à Husum – La preuve par 12

Un superbe CD Brahms/Medtner, objet d'un « Disque de la semaine » en février dernier(1), nous a conduit à saluer une fois de plus la personnalité singulière de Florian Noack. Curieux de répertoires rares, le jeune Belge (né en 1990) a très tôt retenu l’attention de saisons et de festivals attentifs aux talents nouveaux tels que le Festival Chopin de Bagatelle, Piano en Valois-Angoulême, L’Esprit du Piano à Bordeaux, Piano aux Jacobins à Toulouse ou Les Pianissimes à Paris (pas plus tard qu’en mars dernier). Il y a peu, Noack se produisait au Festival Chopin de Nohant et, bientôt, le Festival de Radio France Montpellier et, dans la foulée, celui de l’Empéri accueilleront un artiste dont le jeu conjugue virtuosité ailée, sens de la couleur et intense poésie.

Transcripteur infatigable et inspiré, Noack - dont certaines partitions, celle tirée du Lac des cygnes en particulier(2), sont entrées au répertoire de plusieurs collègues - présentera une nouvelle réalisation à Montpellier : les Danses polovstiennes du Prince Igor de Borodine. « A partir d’un matériau musical de qualité, j’apprécie les possibilités de recherche qu’offre la transcription », explique-t-il." L’encre de « ses » Danses est à peine sèche au moment où nous lui parlons mais l’intense plaisir qu’à l’évidence il éprouve à concocter cet arrangement augure d’un résultat aussi éblouissant que dans sa paraphrase sur la Shéhérazade de Rimski-Korsakov.
Cette pièce, incluse dans un beau CD de transcriptions de sa main (enregistré chez Ars Produktion et couronné d’un « Echo Klassic » l’an passé outre-Rhin), figurera d’ailleurs aussi au programme du récital montpelliérain du 18 juillet (à la salle Pasteur, repris le 25 au Théâtre Na Loba de Pennautier), sur le thème de l’Orient et des routes du thé, très à sa place en compagnie des Danses arméniennes de Komitas, de l’Islamey de Balakirev et des Pagodes de Debussy.

© Monika Lawrenz

Reste qu’un autre grand moment attend l’amoureux de piano à Montpellier : le 24 juillet, Noack se lance le défi d’une intégrale des douze Etudes d’exécution transcendante op. 11 de Serge Liapounov (1859-1924). On sait que l’interprète a entrepris une intégrale de la musique pour piano du Russe au disque : après un premier volume sorti en 2013 (3), un deuxième arrive tout juste. Le suivant sera occupé par les 12 Etudes, mais Noack n’en aura pas encore fini avec Liapounov, deux galettes étant encore nécessaires pour boucler le projet.

Il n’en demeure pas moins que l’intégrale des Etudes en concert fait figure d’aboutissement. « Avec Medtner, Liapounov a été mon autre grand coup de cœur parmi le compositeurs russes méconnus, confie le pianiste ». Deux univers bien différents, d’une part celui dense et sombre du « Brahms russe », de l’autre celui d’un musicien nourri de Liszt et de Chopin, sur lequel l’influence des Cinq - de Balakirev principalement - a laissé un empreinte profonde. Un répertoire idéalement accordé en tout cas à la fabuleuse palette sonore du jeune homme.

Longue histoire que celle de sa relation avec les douze Etudes, qu'il approcha pour la première fois vers 14 ans en travaillant l’Etude n° 10 « Lesghinka » « Les réactions de tous ceux qui m’ont entendu à l’époque dans ce morceau étaient extrêmement positives : il y a eu un bon départ avec Liapounov ! On trouve beaucoup d’allusion à Liszt dans les Etudes, à commencer par la 12ème intitulée « Elégie en mémoire de François Liszt ». Avec ce recueil, Liapounov offre le meilleur de sa production ; les pièces sont très variées - on n’y trouve pas de doublon - certaines sont très russes (n° 3 « Carillon », n° 8 « Chant épique », qui cite la Grande Porte de Kiev de Moussorgski), d’autres se révèlent plus orientales (« Lesghinka » est une danse caucasienne) ou plus résolument lisztiennes (n° 5 « Nuit d’été, n° 11 « Ronde des Sylphes » ; je crois que cet ensemble extrêmement diversifié fonctionne très bien en cycle et les concerts de cet été sont aussi un moyen pour moi de préparer l’enregistrement du troisième volume de l’intégrale. »

Après le Festival de Radio France Montpellier, F. Noack retrouve, toujours dans les Etudes de Liapounov, le Festival de l’Empéri, le 27 juillet, manifestation où il est de retour après un récital remarqué l’anné passée, qui comprenait entre autres la création de son admirable transcription du Concerto pour 4 claviers BWV 1065 de Bach.(4)

Enfin, après un récital le 4 août à Stavelot, dans le cadre du Festival de Wallonie, un grand moment l’attend ; une forme de sacre même pour l’insatiable découvreur qu’il est depuis toujours. Véritable Bayreuth de la rareté pianistique, le Festival d’Husum l’accueille en effet pour la première fois, le 20 août, dans des pages de Theodor Kirchner (Nachtbilder op. 25), William Sterndale Bennett (Fantaisie op. 16) et Stephan Heller ( 2ème Tarentelle op. 61). Gageons qu’au moment des bis, Noack regardera sûrement du côté de Schumann ...

Alain Cochard
(Entretien avec Florian Noack réalisé le 7 juillet 2016)
 

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(1) www.concertclassic.com/article/florian-noack-joue-medtner-brahms
(2)www.bing.com/videos/search?q=Noack+Lac+des+cygnes&view=detail&mid=F1F276FF2CF33D3FE1FBF1F276FF2CF33D3FE1FB&FORM=VIRE
(3) 1CD Ars Produktion ARS 38 132
(4)www.youtube.com/watch?v=T6XSmqnuHpY 
 
 
Florian Noack en récital -
Festival de Radio France Montpellier
Debussy, Borodine/Noack, Komitas, Rimski-Korsakov/Noack, Balakirev)
18 juillet 2016  – 12h 30
Le Corum (Salle Pasteur)
25 juillet 2016 – 21h
Pennautier – Théâtre Na Loba
 
Œuvres de Liapounov
24 juillet – 12h30
Le Corum – Salle Pasteur

www.festivalradiofrancemontpellier.com/
 
Festival de L’Empéri
Œuvres de Liapounov
27 juillet – 12h
Salon-de-Provence – Abbaye de Sainte-Croix
festival-salon.fr/fr/concerts/1-1-florian-noack
 
Raritäten der Klavier, Schloss vor Husum (Allemagne, Schleswig-Holstein)
Œuvres de Bennett, Sterndale & Heller
20 août 2016
piano-festival-husum.com/programmuebersicht/

Photo © Monika Lawrenz

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