Ça y est ! , la programmation du Festival d’Aix 2026 est désormais connue ; les grands axes en ayant été dévoilés le 12 décembre lors d’une conférence de presse parisienne à l’Institut culturel italien de la rue de Varenne.
La programmation d’un festival lyrique est affaire d’anticipation et si Ted Huffman a été nommé à la direction générale de la manifestation le 27 octobre, la programmation 2026 porte encore la signature de Pierre Audi, disparu au printemps dernier. Après une année de «tuilage » en 2027, ce n’est qu’en 2028 que l’on découvrira une édition entièrement de la main de l’artiste étatsunien – on sait dès à présent que les jeunes talents, les formes légères et la création y occuperont une belle place.
Cinq productions scéniques, dont trois nouvelles, une création mondiale et une reprise, forment le noyau dur la programmation 2026 ; des œuvres toutes sous-tendues par la notion de parcours initiatique.
 

 
Le tandem Alarcón-Cogitore se reforme pour Mozart
 
Indissociable d’Aix, Mozart fera d’entrée de jeu l’événement à l’Archevêché avec La Flûte enchantée (2-21 juillet), inoxydable partition pour laquelle se reconstituera le tandem Leonardo García-Alarcón (photo)-Clément Cogitore, très applaudi dans les Indes Galantes à la Bastille à la rentrée 2019. « Scénographie légère, images en mouvement », annonce le metteur en scène pour un spectacle qui réunira des chanteurs tels que Ying Fang, Mauro Peter, Sabine Devieilhe, Sean Michael Plumb, Brindley Sherratt, Emma Fekete ou Rodolphe Briand. Pour la toute première Flûte enchantée de sa carrière, Alarcón pourra compter sur les forces de Cappella Mediterranea et du Chœur de Chambre de Namur.

 
Epure et luxe vocal pour Strauss
 
On ne sera pas moins curieux de la Femme sans ombre, qui réunira sur la scène du Grand Théâtre de Provence (3-15 juillet) un metteur en scène particulièrement expérimenté, Barrie Kosky, et une jeune baguette dont le talent s'est pour l’heure plus illustré en matière symphonique que lyrique, Klaus Mäkelä. Le Finlandais se rendra à Aix avec l’Orchestre de Paris pour un Strauss complexe que Kosky aborde, réalisant ainsi le vœu de Pierre Audi qui lui avait proposé l’ouvrage il y a quatre ans. Avec Michael Levine à la scénographie, Kosky entend jouer la carte de l’épure dans une production vocalement très alléchante : Michael Spyres, Vida Miknevičiūte, Nina Stemme, Brian Mulligan, Tamara Wilson, Jean-Sébastien Bou ...

Pour le centenaire Henze
 
Le nom de Hanz Werner Henze (1926-2012) est un plutôt oublié de nos jours, mais Aix n’a pas laissé passer le centenaire de la naissance du compositeur allemand. Il sera célébré au Jeu de Paume avec El Cimarrón (17-20 juillet). Pour baryton et trois instrumentistes (dist. en cours), l’ouvrage s’inspire du destin singulier d’Esteban Montejo (1868-1973), esclave cubain qui, après sa fuite, vécu dans la clandestinité. Partition d’une grosse heure, El Cimarrón sera donné en version anglaise dans une mise en scène de la jeune Elayce Ismail.

 
Francesco Filidei en création mondiale
 
Le Jeu de Paume offrira en outre son cadre intimiste à la création mondiale d’Accabadora de Francesco Filidei (4-10 juillet), opéra de chambre en un acte d’après le roman de Michela Murgia. L’accabadora » – « celle qui met fin » en sarde – désigne un personnage très ancré dans la culture de l’île, vieille femme chargée de faire passer de vie à trépas des malades en grande souffrance. Par ses ascendances sardes, Filidei a été sensible au thème traité dans le roman de M. Murgia, et en a tiré une partition (livret de F. Filidei et Manuelle Murredu), chantée en sarde par les deux voix du chœur, en italien par les solistes, à commencer par Noa Frenkel (dans le rôle de L’Accabadora), mais aussi Rachel Masclet, Lodovico Filippo Ravizza, Hugo Brady, Victoire Bunel, Francesco Leone. Valentina Carrasco signe la mise en scène d’une première mondiale confiée à Lucie Leguay, à la tête de musiciens de l’Orchestre national de l’Opéra de Lyon.

 
Reprise du Requiem de Mozart mis en scène par Castellucci
 
Présenté en 2019, le Requiem de Mozart mis en scène par Romeo Castelluci constitua le premier spectacle du premier mandat de Pierre Audi et témoignait de la volonté de l’ancien directeur d’étendre les productions scéniques à d’autres titres que des opéras.
Un Requiem confié à Raphaël Pichon, qui a augmenté l’ouvrage d’autres pages de Mozart et de séquences grégoriennes, pour un résultat entre pulsion de vie et pulsion de mort. Raphaël Pichon et Pygmalion sont de retour à l’Archevêché pour cette reprise, la première au festival depuis 2019, avec un nouveau quatuor vocal : Mélissa Petit, Beth Taylor, Duke Kim, Alex Rosen (4-12 juillet).

 
Verdi et Bartók en version de concert
 
Après une très belle Forza del destino l’an dernier, Daniele Rustioni, l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra national de Lyon sont de retour (16 juillet, Grand Théâtre) pour Verdi à nouveau et des Vêpres siciliennes qui verront Karine Deshayes effectuer sa prise de rôle en duchesse Hélène, aux côtés de John Osborn, Christian Van Horn, Adrien Mathonat, Thomas Dear, etc.
 
Aix 2026 profite de la présence de l’Orchestre de Paris et de Klaus Mäkelä pour leur confier le Château de Barbe-Bleue de Bartók avec Gerald Finley et Irene Roberts, qui fera là ses débuts au festival.

 
Récitals vocaux et concerts
 
Parallèlement à la partie lyrique, de nombreux récitals et concerts s’offriront aux mélomanes. Succès assuré pour Sonya Yoncheva (accompagnée par Cappella Mediterranea et Alarcón), Benjamin Bernheim, Michael Spyres ou Ailyn Pérez, mais les découvreurs de nouveaux talents ne manqueront pas les deux concerts de la Résidence Voix au Conservatoire Milhaud.
Côté instrumental, le concert final de la résidence placée sous l’égide de Pierre-Laurent Aimard dévoilera le travail de quatre pianistes et quatre compositeurs. On note que Aimard, de retour au festival après quatorze ans d’absence, donnera par ailleurs deux récitals.
 
Prévue le 27 janvier, date d’ouverture de la billetterie, la conférence de presse aixoise affinera la programmation et dévoilera le contenu d’Aix en Juin.
 
Alain Cochard