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​Festival d’Aix-en-Provence 2020 – Scène numérique

Pas de public à l’Archevêché ni au Grand Théâtre cet été, et pourtant, beaucoup d’artistes seront présents dans la cité provençale pour une édition 2020 très particulière. Non pas annulé mais « empêché », selon les termes des organisateurs, le Festival d’Aix, comme il l’avait laissé entendre dans son communiqué du 15 avril, s’est orienté vers une formule toute numérique.
Du 6 au 15 juillet, une Scène numérique (accessible en totalité sur le site du festival, pour partie sur Arte et France Musique) quotidiennement partagée entre une matinale, un débat (12h), un concert (19h) et la retransmission (21h) d’une production captée lors d’une des éditions précédentes, s’offrira aux mélomanes.
 
Pinocchio © Patrick Berger - artcompress

Avec des propositions telles que le Pinocchio de Philippe Boesmans (m.e.s. Joël Pommerat), le Songe d’une nuit d’été de Britten (m.e.s Robert Carsen), Carmen (m.e.s Dmitri Tcherniakov) ou – grand moment de l’histoire du festival – Elektra dans la régie qu’en signa Patrice Chéreau en 2013, ces moments lyriques promettent de faire beaucoup d’heureux.
Conclusion de la journée, l’opéra du soir en détermine la thématique. On retrouve ainsi lors de la matinale l’un de ses interprètes principaux (Stéphane Degout pour Pinocchio, Barbara Hannigan pour Pelléas et Mélisande, Stéphanie d’Oustrac (photo) pour Carmen, Kyle Ketelsen pour The Rake’s Progress, etc.), le metteur en scène (Robert Carsen pour le Songe d’une nuit d’été, une interview archive de Patrice Chéreau au sujet d’Elektra) ou le chef (Raphaël Pichon pour le Requiem de Mozart)
Le débat de midi prend aussi appui sur la partition du soir. A Carmen répond par exemple une discussion sur « la création en Méditerranée », au Requiem de Mozart mis en scène par Romeo Castelluci en 2019 une autre sur le thème « nouvelles formes, nouveaux rapports au publics ».
 

Christian Gerhaher © Alexander Basta for Sony

Quant aux concerts de 19h, pour la plupart enregistrés à Aix durant les derniers jours de juin, ils retiennent d’abord  l’attention des amateurs de récitals vocaux. Il n’est pas tous les jours donné d’entendre Simon Rattle au piano : c’est lui qui ouvrira le ban le 6 juillet, accompagnateur de Magdalena Kozena dans des pages françaises, allemandes et tchèques.
On s’impatiente tout autant de découvrir les récitals de Marie-Laure Garnier et Célia Oneto Bensaïd, Jakub Józef Orliński et Michal Biel, Paul-Antoine Bénos-Djian et Bianca Chillemi, Véronique Gens et Stanislas de Barbeyrac, en compagnie du Balthasar Neuman Ensemble de Thomas Hengelbrock, Sabine Devieilhe et Mathieu Pordoy et Christian Gerhaher et Gerold Huber, un moment très attendu qui marque les débuts –  numériques ! – du baryton à Aix, dans Schubert et Berg.  Il devait originellement incarner Wozzeck sous la direction de Rattle ...
On n’oubliera pas, côté instrumental, l’excellent Trio Sōra, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée et Fabrizio Cassol ou le London Symphony Orchestra mené par Duncan Ward.
 

Trio Sōra © Astrid di Crollalanza

Pour la qualité de ses protagonistes et l’intérêt des archives et des concerts filmés, la Scène numérique aixoise mérite bien des éloges. Difficile pourtant de ne pas conclure sur un franc regret : quel dommage que, dans une ville et une région si riches en lieux parfaitement adaptés à la musique en plein air, le festival 2020 n’aille jamais à la rencontre du public en une période où la musique vivante est plus que jamais nécessaire. Ce d’autant que la programmation se referme sur le thème « construire l’avenir : le festival dans son territoire » ...
 
Alain Cochard 

Festival d’Aix 2020 #LaScèneNumérique
Du 6 au 15 juillet 2020
festival-aix.com/fr/blog/actualite/lascenenumerique
 
Photo © Perla Maarek
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