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Festival Bach de Toul 2024 – Une intimiste conclusion – Compte-rendu
Le 14e Festival Bach de Toul (chaque dimanche à partir de juillet) s’est refermé dans la douceur d’un programme intimiste, non pas à la cathédrale Saint-Étienne, beaucoup trop vaste, mais en la collégiale Saint-Gengoult, comble, à laquelle on accède par un cloître célèbre, entre gothique flamboyant et Renaissance. Pascal Vigneron, directeur du Festival, soliste et accompagnateur de ce concert, jouait non pas l’orgue de tribune (un Jaquot-Jeanpierre de 1879, conservé et classé, présentement hors d’état), mais l’un de ses deux Orgues de concert Virtualis (1), le deux claviers, d’une grande souplesse esthétique et d’utilisation avec les voix – le trois claviers était joué dans le même temps au Centre de Congrès de Troyes par Thierry Escaich, avec l’Orchestre Symphonique de l'Aube : Bruckner, Puccini, Ritual Opening d’Escaich, Symphonie pour orgue et orchestre de Copland.
Pascal Vigneron © DR
Ce concert était donné au bénéfice de la synagogue de Toul, d’inspiration hispano-mauresque (1862), une association non confessionnelle ayant vu le jour en 2022 pour sa sauvegarde et sa restauration – des pages du programme s’en faisaient l’écho. Introduit par Mendelssohn (Prélude et Fugue op. 37 n°2), violon et orgue y étaient associés pour un premier Fauré : Berceuse op. 16 par Vinh Pham, disciple notamment de Yehudi Menuhin, également soliste de deux pages de La Liste de Schindler de John Williams. Dirigé depuis 2017 par Denis Comtet, l’Ensemble vocal Les Discours offrit l’immaculé Ubi caritas de Duruflé et le Cantique de Jean Racine de Fauré (le « refrain » étant confié au violon), entrecoupé de Yeroushalayim shel zahav (Jérusalem d’Or) de Naomi Shemer, que l’on entend d’ailleurs aussi chez Spielberg.
Ensemble vocal Les Discours © DR
Le Requiem de Fauré suivit en version de chambre avec orgue – et violon pour le Sanctus. Fauré n’a pas laissé à proprement parler de version orgue : Pascal Vigneron utilise la partie d’orgue de la version orchestre, qui double les instruments, n’y ajoutant sur le plan mélodique, harmonique ou de la couleur que l’indispensable pour garder à l’œuvre son intégrité. Il en résulte un soutien aussi complet que léger dont la finalité est de laisser toute la place aux voix, minutieusement préparées par Denis Comtet (photo). Organiste, chef d’orchestre, d’opéra et de chœur, pas un chœur d’importance, de chambre ou plus vaste, qui n’ait travaillé sous sa férule au fil du temps – Accentus, Concert d’Astrée, Chœur de Namur, Les Métaboles, Radio France, Opéras du Rhin ou de Lyon, Chœur d’État de Lettonie et jusqu’à Shanghai ou en Corée… Il collabore depuis 2013 avec le RIAS Kammerchor Berlin, qu’il prépare pour des concerts et créations à la Philharmonie. De cet archétype de requiem intimiste, les musiciens – dont les solistes Sandrine Carpentier (soprano) et Augustin Chemelle (baryton) – proposèrent une approche sensible et épurée, invitant un public enthousiaste à une écoute concentrée.
Les mêmes interprètes redonneront le Requiem de Fauré le 27 octobre dans le cadre imposant de l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados), cependant que l’édition 2025 du Festival Bach de Toul, qui accueillera notamment Michel Dalberto et Thomas Ospital, s’ouvrira sur un hommage à Albert Schweitzer (1875-1965), indissociable en son temps d’une compréhension renouvelée de la musique de Bach, en particulier des Chorals, et responsable au côté de Widor d’une édition de l’œuvre d’orgue.
Michel Roubinet
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Festival Bach de Toul (Meurthe-et-Moselle), collégiale Saint-Gengoult, 6 octobre 2024
Photo © DR
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