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Die tote Stadt de Korngold à L’Opéra Bastille - Une Ville pour Paris

Le temps de Korngold serait-il venu pour l’Hexagone ? Cette saison, son chef-d’œuvre lyrique sera monté deux fois en France, en octobre à Paris puis à Nancy en mai. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

La Ville morte (Die tote Stadt), c’est avant tout une affaire de famille, un savant quatre mains théâtral. Julius Korngold, le fameux critique viennois proche de Gustav Mahler écrivit sur mesure, à peine masqué sous le pseudonyme bateau de Paul Schott, le livret de ce qui allait devenir l’opus majeur de son enfant prodige de fils. Achevé l’année de ses vingt ans, cet opéra tiré de la pièce que George Rodenbach avait déduit de son roman « Bruges la morte » demeure l’œuvre emblématique d’Erich Wolfgang Korngold, et au théâtre tout simplement l’une des grandes partitions lyriques des années vingt. C’est ici que le génie orchestral du compositeur éclate littéralement, porté par un argument à la fois sulfureux et philosophique, dont la complexité psychologique fascina un temps Puccini lui-même.

L’œuvre bénéficia d’une publicité outrageuse, et d’une double création (Cologne et Munich), elle reste délicate à monter (surtout le troisième tableau, entre rêve et hallucination) comme à distribuer. Après la vraie réussite de Nicolas Briger pour le Grand Théâtre de Genève, on attend beaucoup de la nouvelle proposition signée par Willy Decker, passé maître aussi bien dans la chorégraphie des foules que dans les vertiges de l’âme. Son univers poétiquement morbide devrait saisir toute l’étrangeté de cet opéra peuplé de fantômes, quasiment chimérique.

L’occasion également de saluer le retour à la Bastille du formidable Pinchas Steinberg, un vrai chef de théâtre qui aura donc du attendre que Nicolas Joël prennent les commandes de la Grande Boutique pour y déployer à nouveau son art. Distribution soignée – Riccarda Merbeth, Robert Dean Smith, héros d’une brillante Femme sans ombre au Capitole de Toulouse voici quelques saisons – et, à surveiller, Stéphane Degout qui s’essaiera à l’allemand pour le double rôle de Franz et de Fritz.

Dans cette première saison du nouveau patron, certainement la perle.

Jean-Charles Hoffelé

Erich Wolfgang Korngold : La Ville morte, Opéra Bastille, les 3, 9, 13, 16, 19, 22, 24 et 17 octobre 2009

Programme et réservations de l’Opéra Bastille

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Photo : Opéra de Paris/Axel Zeiniger
 

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