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Debora Waldman dirige l’Orchestre Symphonique de Bretagne – Nouvelles rencontres et retrouvailles

Après des études musicales partagées entre Israël et l’Argentine, Debora Waldman est venue perfectionner son art de la direction auprès de Janos Fürst et François-Xavier Roth au Conservatoire National Supérieur de Paris. Et les mélomanes de la capitale n’ont pas tardé à entendre parler d’elle puisque, en 2006, l’artiste brésilienne était nommée (pour trois ans) assistante de Kurt Masur à l’Orchestre National de France. Expérience marquante : la jeune chef aura beaucoup appris d’un maestro qui la fascinait par « sa force et sa fraîcheur presque inépuisables. » «Il ne lâchait jamais le morceau », se souvient D. Waldman, pas moins admirative de l’idée du son qui guidait Masur ; « un son vif, frais, chaud, un grande clarté dans le discours, une manière de donner du sens à chaque instant de la partition : on ne s’ennuyait jamais avec lui ! »
Pas étonnant que le chef allemand fasse partie du panthéon de D. Waldman, aux côtés de Carlos Kleiber, Claudio Abbado, Nikolhaus Harnoncourt ou Bernard Haitink et Riccardo Muti – deux chefs qu’elle a appris à mieux connaître à l’époque du National.

Mise en lumière par la première édition des Talents chefs d’orchestre de l’Adami en septembre 2008 à la salle Gaveau, où elle avait dirigé une rayonnante Symphonie « Italienne » de Mendelssohn à la tête de l’Orchestre Colonne, D. Waldman mène depuis la fin de la décennie dernière une belle carrière, en France (Paris est son port d’attache) comme à l’étranger. Les semaines et les mois qui viennent seront riches de nouvelles rencontres comme de retrouvailles.

Sur l’invitation de Marc Feldman, administrateur général de l’Orchestre Symphonique de Bretagne, elle s’apprête à faire ses débuts (les 16 et 17 mars) avec cette phalange – stimulée par l’inauguration récente de l’Auditorium du Couvent des Jacobins à Rennes – dans un programme inspiré par le cinéma. Clin d’œil à Amadeus, l’Ouverture de Don Giovanni, la Symphonie n° 25 et l’Andante de la Symphonie concertante KV 364 occupent la première partie. Place au XXe siècle après la pause avec la suite de La Nouvelle Babylone de Chostakovitch et le Concerto pour violon de Korngold, qui sera l’occasion de la première collaboration de D. Waldman avec Laurent Korcia.

© Bernard Martinez

On n’est jamais mieux servi que par soi-même et c’est avec la volonté de « maîtriser tous les paramètres artistiques » que D. Waldman a fondé l’Orchestre Idomeneo en 2013, un orchestre « de projets » qu’elle va bientôt rassembler pour un programme W.F. Bach (Symphonie FK 67), D. Scarlatti (Salve Regina) et Pergolèse (Stabat Mater- – à Maison-Alfort (23 mars) et au Vésinet (24 mars) – avec la participation de Magali Léger et Aude Extrémo. S’il arrive à Idomeneo de jouer sur instruments anciens, c’est pour une solution intermédiaire que D. Waldman a opté dans le cas présent : des instruments modernes montés en boyau joués avec des archets classiques. Ce programme sera d’ailleurs repris en 2019 dans le cadre d’un projet pédagogique à la Philharmonie de Paris. Le travail de diffusion en direction du jeune public passionne une musicienne que l’on n’est pas surpris de voir engagée dans le projet Démos. Un partenariat entre ce dernier et la Seine Musicale va d’ailleurs conduire D. Waldman à diriger l’orchestre « avancé » (qui mêle à parts égales étudiants de conservatoires et jeunes relevant uniquement de Démos), le 5 mai, dans la nouvelle salle boulonnaise.

Nouvelle rencontre et retrouvailles peut-on dire des deux concerts Mendelssohn, Beethoven, Schubert que l’artiste brésilienne donne (24 et 25 mai) à Zurich avec les Zurich Chamber Players. C’est en effet la première fois qu’elle dirige la formation suisse, mais elle y retrouve la violoniste Roxana Osterwalder, ancienne camarade de l’époque des études en Argentine, à l’origine de l’invitation par les ZCP.
Enfin, en juin, l’Orchestre Colonne attend D. Waldman (les 9 et 10) dans un programme mêlant répertoire et musique d’aujourd’hui puisqu’on y trouve l’ « Italienne » de Mendelssohn, les deux suites de L’Arlésienne de Bizet et La Source d’Yggdrasil de Camille Pépin.

Quant à la saison prochaine de Debora Waldman, de beaux projets se profilent dont un qui fera sûrement les délices des amoureux de musique française méconnue du début du XXe siècle. Mais laissons les choses mûrir ... Promis, on ne manquera pas de vous en parler le moment venu !

Alain Cochard
(Entretien avec Debora Waldman réalisé le 3 mars 2018)

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Orchestre Symphonique de Bretagne, dir. Debora Waldman / Laurent Korcia, violon
16 et 17 mars 2018 - 20h
Rennes – Convent des Jacobins
o-s-b.fr/spectacles/la-musique-fait-son-cinema/
 
Agenda complet de D. Waldman : www.deborawaldman.com
 
Photo © Bernard Martinez

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