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« De Fanny à Felix » au Festival de la Chaise-Dieu 2025 – Grisante réunion – Compte-rendu

 

 Si le festival de La Chaise-Dieu réserve ses grands concerts, sacrés et symphoniques, à l'abbatiale Saint-Robert, il sait profiter du tout proche auditorium Cziffra à l'acoustique parfaite pour proposer des rendez-vous de musique de chambre. Aussi, en parallèle d'une série résolument baroque (Bach, Haendel, Pergolèse, Vivaldi), le premier week-end proposait un programme Mendelssohn aussi original que grisant. Original parce qu'il réunit le frère Felix et la sœur Fanny et qu'il affiche des œuvres rarement entendues. Et grisant parce qu'il fut (em)porté par une équipe virtuose, enthousiaste et particulièrement inspirée.

 


(de g. à dr.) Matthieu Handtschoewercker, Boris Blanco, Lise Berthaud, Violaine Despeyroux & Antoine Landowski © Vincent Jolfre

 
Saisissants contrastes et fières envolées

Le dialogue s'ouvre par le prodigieux Quintette à cordes n° 2 op. 87 de Felix confié à Matthieu Handtschoewercker (premier violon) et Antoine Landowski (violoncelle), de l'excellent Trio Chausson (photo), rejoints par Boris Blanco, violoniste et directeur général du festival, Violaine Despeyroux et Lise Berthaud, altistes. Cette solide équipe en révèle les saisissants contrastes comme les fières envolées. L'Allegro vivace de cette œuvre de maturité retrouve ainsi l’irrépressible élan du juvénile Octuor. Tempo preste, pulsation motrice, fébrilité des sens mais homogénéité des traits et plénitude des couleurs : irrésistible. Après les mystères de l'Andante scherzando se déploient les ombres d'un Adagio e lento d'une rare intensité. Retour, dans le finale, à l'humeur vagabonde et enjouée du premier mouvement.

> Les prochains concerts "Mendelssohn" <

 

Romain Descharmes et Boris de Larochelambert © Vincent Jolfre

L'Andante et Allegro brillant pour piano à quatre mains du même Felix ne saurait atteindre les mêmes sommets mais il séduit d'emblée par le charme discrètement mélancolique de sa première partie puis l'envol solaire de la seconde. Romain Descharmes et Boris de Larochelambert, le troisième membre du Trio Chausson, y rivalisent de dextérité (les croisements de mains sont nombreux) et de musicalité pour faire triompher la lumière.

Un très grand opus signé Fanny 

 Et c'est dans sa formation reconstituée et sur un incontestable chef-d’œuvre que le Trio Chausson referme cet album de famille. Le Trio pour piano et cordes op. 11 de Fanny Mendelssohn peut en effet prétendre figurer parmi les grandes pages de musique de chambre du romantisme. Daté de 1846 et donc quasi contemporain du Quintette de Felix, ce Trio démarre avec la même énergie mais se montre autrement plus tumultueux, traversé par une houle que Boris de Larochelambert se plaît à animer sans répit et sur laquelle vogue les deux archets. Les trois musiciens entretiennent d'un même souffle la douceur de l'Andante espressivo et la délicatesse du Lied qui remplace le traditionnel scherzo avant de repartir de plus belle dans un finale exubérant.
 
Philippe Venturini
 

59e Festival de La Chaise-Dieu, Auditorium Cziffra, 23 août 2025 

Photo © Vincent Jolfre

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