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Daniel Harding dirige les Scènes du Faust de Goethe à l’Orchestre de Paris – Le choix de l’originalité – Compte-rendu
Il aura fallu presque dix ans (de 1844 à 1853) à Schumann pour terminer ses Scènes du Faust de Goethe, fresque visionnaire rarement donnée en France. Nouveau directeur musical de l’Orchestre de Paris, le Britannique Daniel Harding (photo) entretient une relation privilégiée avec cette œuvre (qu’il a d’ailleurs enregistrée) ; elle lui permet d’inaugurer son mandat de manière originale, comme l’avait d’ailleurs fait Paavo Järvi avec Kullervo de Sibelius lors de sa prise de fonction en 2010.
Cette partition de deux heures en trois parties, précédée d’une Ouverture et constituée d’une série de treize tableaux juxtaposés (en fait des lieder avec orchestre), nécessite des moyens considérables. Soli, chœurs, orchestre : Harding réussit à unifier l’ensemble, à trouver un équilibre et, après un début un peu banal, prend progressivement ses marques pour atteindre in fine une dimension prenante, attentif à la gestion des masses autant qu’à la transparence instrumentale.
L’Orchestre de Paris, maître des éléments, se surpasse (tous les musiciens s’engagent, en particulier le hautboïste Michel Bénet, en grande forme) et la superbe distribution contribue à la réussite du concert. Le baryton Christian Gerhaher, à la fois Faust, Pater Seraphicus et Dr. Marianus, subjugue par l’intelligence de son chant, ses interventions ferventes et frémissantes se révélant d’une émotion à tirer des larmes. Franz-Josef Selig (Méphistopheles), timbre profond et d’une ligne impeccable, s’accorde bien à la voix du ténor Andrew Staples (Ariel). Hanna-Elisabeth Müller, angélique en Gretchen n’est pas en reste, mais il faut aussi citer Mari Eriksmoen (Marthe), très impliquée, et la prestation brève mais remarquée de Bernarda Fink (Maria Aegyptiaca, Mater Gloriosa).
Lionel Sow © DR
Parfaite cohésion du Chœur de l’Orchestre de Paris et du Chœur d’enfants préparés avec un soin extrême par Lionel Sow – qu’il faut à nouveau saluer pour la qualité du travail réalisé depuis son arrivée à l’Orchestre de Paris en 2011 et dont la contribution s’avère ici fondamentale.
Accueil enthousiaste d’un public totalement conquis par une musique servie avec justesse et qui bénéficie en outre de l’acoustique ample de la Philharmonie.
Michel Le Naour
Paris, Philharmonie, Grande salle, 16 septembre 2016
Prochains concerts de Daniel Harding avec l’Orchestre de Paris : Mahler, Symphonie n° 10 (reconstruction de Deryck Cooke), 21 et 22 septembre 2016
Photo Daniel Harding © Julian Hargreaves
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