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Concert Rameau de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris au Théâtre de Poissy - Jeunes élans ramistes - Compte-rendu

Dans le cadre de l’omniprésente année Rameau, et d’une tournée(1) soutenue par le Centre de Musique baroque de Versailles, l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris se confronte lui aussi au répertoire du grand génie lyrique du XVIIIe siècle français. Le programme du concert est en lui même attractif, qui juxtapose de larges extraits des Surprises de l’Amour, des Indes galantes et d’Hippolyte et Aricie. Autant de pages captivantes, puisées à des chefs-d’œuvre qu’il n’est plus besoin de sanctifier. Reste à relever le défi, pour ces jeunes voix internationales exposées à la stylistique baroque française (et à son redoutable et très bas diapason 392).
 
Un risque donc. Pleinement assumé en l’espèce, dont chaque participant s’acquitte, à des degrés divers et en fonction de ses propres moyens, avec les beaux honneurs. Andriy Gnatiuk ne possède pas toujours une élocution mal connue de son Ukraine natale, mais compense par une projection d’une assurance confondante et des notes d’une belle profondeur (mise en exergue par le périlleux diapason précité). João Pedro Cabral et Tiago Matos dispensent, eux, l’aisance qu’on leur connaît dans l’articulation musicale et l’articulation française (si proches de celle de leur portugais d’origine), avec en sus un sort expressif rendu à chaque mesure. Armelle Khourdoïan semble peiner dans sa première apparition – sous l’effet du trac ? –, mais rattrape vite une véritable présence. Andreea Soare dégage pour sa part la maîtrise et l’ardeur qui ont fait sa jeune et déjà grande réputation. Mais c’est surtout Élodie Hache, sa puissance dramatique, sa régularité dans la tessiture, son élan mesuré et nuancé, son legato phrasé, qui remporte la palme du plus beau chant. Une étoile du chant ramiste est née !
 
L’accompagnement, si l’on peut dire pour les neufs instrumentistes tout autant solistes des Folies Françoises, met une parure des beaux jours, alliant virtuosité, rigueur, couleur et lié. Bel ensemble décidément, que celui que dirige avec netteté de son violon Patrick Cohën-Akenine ! Il n’est pas jusqu’à la judicieuse acoustique, précise et directe, du délicieux théâtre années 30 de Poissy (de style « Front populaire », dit la brochure), qui ne participe de cette fête des sens.
 
Pierre-René Serna
 
Poissy, Théâtre de Poissy, 29 avril 2014
 
(1) Prochains concerts Rameau de l’Atelier lyrique et des Folies Françoises : 16 mai (Suresnes ; Théâtre Jean-Vilar), 29 juin (Midsummer Festival ; Hardelot), 19 juillet (Festival de Saintes)

Photo © DR

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