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Compte-rendu : Toute la sainte Russie - L’Orchestre du Capitole à Pleyel


C’est un concert éblouissant d’un bout à l’autre du programme, qu’ont donné salle Pleyel, les musiciens du Capitole de Toulouse et leur jeune patron Tugan Sokhiev en conclusion d’une tournée en Allemagne et en Autriche. Une soirée russe qui prouve la souplesse et la culture de cet orchestre qui n’est pas seulement un instrument pour la musique française, mais une grande phalange internationale comme notre pays en compte bien peu ! Sokhiev a eu l’astuce de profiter du travail en amont de Michel Plasson.

Cela nous vaut une crépitante Ouverture de fête de Chostakovitch, qui fait le bonheur des interprètes comme du public, mais Sokhiev mine de rien sait montrer les yeux tristes et désabusés du compositeur derrière ses grosses lunettes un an après la mort de Staline. Un des pianistes les plus impressionnants de la jeune génération russe, Denis Matsuev, les rejoint pour cet avatar de la Campanella de Liszt qu’est la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov. Tout n’est ici que virtuosité : hors d’elle point de salut ! Les mains du soliste ne demandent que cela et l’orchestre n’a rien à leur envier.

On redevient sérieux après l’entracte avec un pur chef-d’œuvre de Rachmaninov : les Danses symphoniques. Chef et orchestre sont au meilleur. La première danse est un modèle d’orchestration à la russe, brillante à souhait avec des clins d’œil à Prokofiev avant l’Andante con moto au lyrisme merveilleusement tenu. Il y a toute la sainte Russie dans ces pages inspirées. La dernière danse constitue une symphonie-minute en forme de sabbat berliozien. L’entente entre Sokhiev et ses musiciens est un bonheur musical partagé par le public. Vive le Capitole !

Jacques Doucelin

Paris, Salle Pleyel, 13 février 2010

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Photo : DR

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