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Compte-rendu : Sans surprise - Joshua Bell, Riccardo Muti et le Philharmonia Orchestra

Pas de révolution avec ce programme Beethoven ultra-classique proposé par Riccardo Muti à la tête du célèbre Philharmonia Orchestra. Au Concerto pour violon interprété par le violoniste américain Joshua Bell succède la Symphonie « Héroïque ». La sonorité suave aux limites de la préciosité, l’archet subtil en suspension du soliste, sont en opposition dans le Concerto avec l’autorité un rien empesée du chef dans les tutti. Les cadences acrobatiques écrites par Joshua Bell (photo) se détachent du classicisme d’une interprétation somme toute sans surprise. Le bis (Souvenir d’Amérique d’Henri Vieuxtemps) laisse place à une virtuosité ailée que le superbe Stradivarius de 1717 affine encore davantage.

La même impression préside à l’exécution de l’ « Héroïque », trop à la recherche de la fluidité et de la sensualité de la pâte orchestrale, au risque d’alourdir la pulsation. Près d’une heure (mais Muti fait toutes les reprises) qui subjugue par la recherche des moindres détails, mais ennuie en définitive par l’absence de tension (y compris dans la Marche funèbre). Pour conclure, face au succès remporté, le maestro rentre ses griffes déjà émoussées pour ne laisser apparaître que les pleins et déliés de l’extrait de Rosamunde de Schubert, se complaisant là encore dans la lenteur et le culte du son au détriment de la ligne.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées – 24 mars 2010

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Photo : DR
 

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