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Compte-rendu : Iberia en partage - Festival de musiques espagnoles à Radio France

Dans le cadre du Festival de musiques espagnoles organisé en neuf concerts gratuits par Radio France (du 28 novembre au 24 décembre 2009), un concert consacré à Iberia d’Isaac Albéniz célébrait le centième anniversaire de la mort du compositeur, bien peu honoré cette année dans l’Hexagone. Pour le servir, quatre pianistes venus d’horizons différents affrontaient la face nord de ce monument de la littérature pianistique que constitue Iberia, composé entre 1905 et 1909.

Pour ouvrir le feu, le grand Aldo Ciccolini donne à la première pièce, Evocación, toute sa dimension mélancolique avec ce mystère et cette magie du toucher qui n’appartiennent qu’à lui. Hervé Billaut (photo), un artiste d’une rare sensibilité, lui succède pour le reste du Premier Cahier, joué avec une énergie, un sens du rythme, des couleurs et une subtilité dans les transitions tout à fait remarquables (El Puerto). Il s’engage avec la même maîtrise dans le Troisième Cahier (Lavapiés est tout à la fois fouetté et caressant sous ses doigts experts) et son piano sensuel pénètre au plus profond du clavier.

Par comparaison, malgré des qualités techniques indéniables, Kotaro Fukuma paraît bien terne dans une lecture contrôlée (Triana) mais sans saveur du Deuxième Cahier, et Miguel Ituarte, concentré et d’un style parfait, ne dégage ni le même élan, ni la même passion dans le dernier Cahier dont l’exécution n’est pas dénuée de poésie (Eritaña). Il faudra bien qu’un jour les organisateurs de concerts se rendent compte qu’inviter Hervé Billaut est plus qu’un devoir : une nécessité.

Michel Le Naour

Paris, Maison de Radio France, 29 novembre 2009

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Photo : DR
 

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