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Compte-rendu : Générosité - Festival Juventus de Cambrai

Chaque été depuis vingt ans, le directeur artistique de Juventus, Georges Gara, entretient un esprit de rencontres dans le cadre d’un festival qui n’a cessé de promouvoir de jeunes interprètes appelés à occuper le devant de la scène. La tradition s’est instaurée d’abord à la Saline Royale d’Arc-et-Senans puis ensuite à Cambrai, d’associer nouveaux et anciens lauréats qui s’enrichissent mutuellement et se réunissent dans des programmes variés et éclectiques où l’expérience le dispute à la ferveur.

Remplaçant au pied levé Aleksandar Madzar, souffrant, le pianiste roumain Ferenc Vizi, lauréat Juventus 1995, propose un récital dense consacré en première partie à Schumann (Arabesque), Debussy (3 Préludes), Liszt (Après une lecture de Dante) et après l’entracte à un florilège de pièces de Chopin. Le jeu assuré et stylé du soliste donne beaucoup de fluidité à l’Arabesque et colore de manière très subtile les Préludes (Voiles, Les collines d’Anacapri, Des pas sur la neige). Dans Après une lecture de Dante, l’exécution se révèle irréprochable sur le plan de la virtuosité et ne néglige jamais la progression de la narration soutenue par une sonorité ample et charpentée. Si les quatre Valses de Chopin hésitent parfois à se projeter au-delà de la mesure et la Troisième Ballade à faire preuve de fantaisie, l’Andante spianato et Grande Polonaise respire en revanche de façon très musicale avec un sens digital d’un brio sans faille.

Le lendemain, après un Sextuor à cordes n°1 de Brahms engagé mais non sans verdeur sous les archets des violonistes Alissa Margulis (lauréate en 2004), Etienne Gara, des altistes Claudine Legras et Julie Risbet et des violoncellistes Aleksandr Khramouchin et Sevak Avanesyan, la place est laissée à la fête de clôture du 14 juillet, moment de détente de caractère jazzy. Outre la qualité des interprètes et leur facilité à entrer dans l’esprit de l’improvisation, la salle s’amuse des prestations de Ferenc Vizi tout autant accordéoniste que pianiste, des facéties de Graf Mourja (excellent dans les pièces de Gershwin transcrites par Heifetz ou le Blues extrait de la Sonate pour violon et piano de Ravel) et de la convivialité contagieuse de l’ensemble des musiciens présents. Succès garanti une nouvelle fois pour cette manifestation originale suivie par un public fidèle et enthousiaste.

Michel Le Naour

Théâtre de Cambrai, 13 et 14 juillet 2010

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Photo : DR
 

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