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Compte-rendu - Daniel Harding dirige la Staatskapelle de Dresde - Effusion poétique


Daniel Harding a décidément rendez-vous avec de prestigieuses phalanges germaniques en cette fin de saison. Avant de remplacer Seiji Osawa dans quelques jours à la tête des Wiener Philharmoniker, il dirigeait en effet la Staaskapelle de Dresde. Sur la patine extraordinaire de cet orchestre – que Karajan comparait judicieusement à « l’éclat du vieil or » – tout a été dit et l’auditeur ne peut que rendre les armes devant tant de beauté, fruit d’une histoire multiséculaire et de l’engagement collectif dont les membres de cette formation donnent l’exemple à chaque apparition. Et plus encore quand un chef tel que Daniel Harding exploite avec autant d’intelligence le potentiel de l’orchestre dont il dispose.
Toute schumanienne, la soirée débute par l’ouverture de Genoveva. Sans baguette, le jeune maestro façonne la masse orchestrale ; vivante mais largement respirée, foisonnante de couleurs et de détails, l’effusion poétique à laquelle cette pièce convie augure du meilleur pour la suite : le Concerto pour violon en ré mineur. C’est à Renaud Capuçon (photo) que revient de défendre cet ouvrage rarement donné (écrit en 1853 pour Joachim, il fut redécouvert en 1937 seulement).

Un superbe dialogue s’y noue entre le soliste, au propos tout à la fois fervent et nuancé, et le chef britannique. Après deux mouvements vibrants et inspirés, on ne saurait reprocher aux interprètes les faiblesses d’un finale qui n’est franchement pas du meilleur Schumann. Quitte à trahir l’indication de tempo, une approche plus allante serait sans doute la meilleure option pour servir la cause d’un concerto mal aimé…

La 2ème Symphonie ne fait pas non plus partie des partitions excessivement présentes dans les programmes. On aimerait l’entendre plus souvent, interprétée d’aussi convaincante manière. L’approche de Harding balaie pas mal d’âneries répandues sur l’orchestre schumanien. L’Allegro et le finale manifestent une ardeur et une puissance jamais opaque, tandis que le Scherzo enchante par sa mobilité et l’Adagio espressivo par la savante alchimie de ses timbres. Une fervente Ouverture du Freischütz récompense les applaudissements nourris d’un public aux anges. La grande tradition symphonique allemande, sans une once de routine, cela a franchement du bon !

Alain Cochard

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 12 juin 2009

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Photo : DR

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