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Compte-rendu : Aleksandar Madžar au Théâtre de la Ville - Une poésie quintessenciée


Dans le monde du piano, le Serbe Aleksandar Madžar a choisi son camp. Son intelligence et sa sensibilité, son naturel réservé le portent plus à la réflexion sur son art qu’à l’ostentation ou aux effets de manche. Au Théâtre de la Ville, dont il est un habitué, il a choisi un programme où la musique française (Livre 1er des Images de Debussy, Miroirs de Ravel) côtoie le répertoire russe (Les célèbres Tableaux de Moussorgski), donnant ainsi libre cours à son imagination.

Le naturel de l’interprétation, la fluidité, la subtilité de phrasés aux nuances infinitésimales caractérisent une vision picturale de Debussy (Reflets dans l’eau) tandis que les Miroirs manifestent une élégance et une simplicité décantées qui font oublier l’instrument au profit d’une poésie quintessenciée (La Vallée des cloches atteint l’indicible). Les Tableaux d’une exposition jouent sur un ambitus délibérément restreint afin de souligner les étagements sonores et la progression de la Promenade à travers des instantanés fugitifs. Le déchaînement contrôlé des cloches de La Grande Porte de Kiev prend ainsi une dimension moins éclatante mais gagne une force d’impact face à cette gradation savamment maîtrisée. Même pudeur dans le bis (1er Impromptu de Chopin) à la conception intériorisée et d’une évidente musicalité, témoignage d’un art de haute volée.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre de la Ville, 9 octobre 2010

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Photo : DR

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