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Beatrice Rana au Théâtre des Champs-Elysées – Poésie et éblouissement – Compte-rendu
Précédée d’une réputation flatteuse liée à son Premier Prix au Concours de Montréal en 2011 et à sa Médaille d’argent au Concours Van Cliburn de Fort Worth en 2013, Beatrice Rana (photo, née en 1993) a, depuis, répondu aux espoirs que l’on plaçait en elle. A l’écoute de son récital dans la série des « Concerts du dimanche matin », elle vient de franchir une étape car, à la virtuosité dont elle ne s’est jamais départie, elle ajoute désormais un sens musical confondant et une maîtrise du clavier stupéfiante.
Dans les Douze Etudes op. 25 de Chopin, la pianiste italienne captive par son sens narratif ; elle y dépasse continûment la dimension technique pour traduire toute la substance poétique de la musique. Outre une interprétation faite de fluidité (Etude n° 1), de précision (n° 5) et de puissance (nos 10 et 12), se dessine un geste poétique très prenant (n° 7).
Les trois extraits des Miroirs de Ravel sidèrent également par un raffinement des nuances où l’élégance (Une barque sur l’océan) le dispute à la gravure à la pointe sèche (Alborada del gracioso) et à une recherche inouïe de la résonance (La vallée des cloches). Moment de vélocité pure, les Trois Mouvements de Petrouchka de Stravinski, par-delà le noir et blanc du clavier, prennent une dimension orchestrale par la profusion des couleurs et un sens inouï de la progression dramatique qui culmine dans la Semaine grasse, d’une expressivité aux contrastes accusés. Eblouissant !
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 24 novembre 2019
Photo © Marie Staggat
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