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Atys à Hardelot, Sorèze et Périgueux - Piccinni, vous connaissez ?

Les musiciens du Cercle de l’Harmonie nous ont habitués à une approche innovante du répertoire du XVIIIème siècle, comme lors des soirées Mozart proposées en avril et mai derniers au Théâtre des Champs-Elysées. Cet été, ils ne feront que confirmer cette tendance avec la version de concert de l’opéra Atys de Niccolò Piccinni (1728-1800). Depuis son violon, Julien Chauvin dirigera ses instrumentistes et un plateau constitué de Philippe Talbot (Atys), Chantal Santon (Sangaride), Marie Lenormand (Cybèle) et Frédéric Caton (Célœnus). Après le Midsummer Festival d’Hardelot, le 6 juillet pour la clôture de la manifestation, le Festival Musiques de Lumières (Sorèze) accueille, le 11 juillet, un Atys que l’on retrouvera le 30 août à Périgueux, dans le cadre du Festival Sinfonia en Périgord.

C’est Lully qui, le premier, écrit l’opéra Atys en 1676, sur un livret de Philippe Quinault. Composé pour le divertissement de Louis XIV, son succès triomphal lui vaut d’ailleurs le surnom d’« Opéra du roi » ! L’ouvrage met en scène Atys, trompé par la déesse Cybèle qui le pousse à tuer sa bien-aimée Sangaride. Mais plutôt que de le voir mourir de désespoir, Cybèle préfère le transformer… en pin !

Un siècle plus tard, en 1776, Marie-Antoinette invite plusieurs compositeurs en France. Avant tout, elle souhaite renouveler les livrets d’opéra du siècle précédent, y compris celui d’Atys. Eprise de musique et fervente d’opéra-comique, elle fait ainsi venir à la cour l’Allemand Gluck et l’Italien Piccinni. Mais très vite, le Tout-Paris oppose les deux hommes dans un conflit aussi bien esthétique que politique (1). D’un côté, les partisans de l’opéra « musical » italien représenté par Piccinni, et de l’autre ceux de l’opéra « dramatique » français menés par Gluck. Dans cette ambiance de querelle, Piccinni compose son Atys en 1780, sur le livret de Quinault revu par Jean-François Marmontel. Les rôles secondaires sont supprimés, les rôles principaux développés et l’action rendue plus limpide, réduite à quatre protagonistes. Atys, Cybèle, Sangaride et Célœnus se déchirent entre amour, jalousie, vengeance et cruauté.

En suivant les exigences et les goûts de la reine, Piccinni modernise le texte français et dépoussière l’héritage musical du règne du Roi Soleil, grâce à son talent de mélodiste. Grande réussite ! Marie-Antoinette est séduite par les récitatifs dramatiques accompagnés par l’orchestre, les arias typiquement italiens et les adjonctions de chœurs, à la différence du public parisien choqué par le choix de Piccinni : la mort définitive d’Atys (« Je meurs, l’amour me guide dans la nuit du trépas. Je vais où sera Sangaride. Inhumaine ! Je vais où vous ne serez pas »). Tirant les conséquences de ces critiques, Piccinni, trois ans plus tard, remanie radicalement le dénouement : Cybèle rappelle Sangaride à la vie et celle-ci s’unit même avec Atys !

Après Paris et Venise en septembre dernier, gageons que ce rare Atys défendu par l’équipe du Cercle de l’Harmonie remportera de nouveau un franc succès !

 Par Gabrielle Oliveira Guyon

(1)   Ils recevront tous deux de la part du directeur de l’Opéra de Paris, Mr Devismes, la même commande : composer un opéra sur l’intrigue d’Iphigénie en Tauride. La version de Gluck sera présentée avec succès en 1779, celle de Piccinni (1781) connaîtra un moins bon accueil.

    N. Piccinni : Atys (version de concert)

6 juillet 2013 - 20h30
Châtelet d’Hardelot
www.chateau-hardelot.fr

11 juillet 2013 - 21h
Sorèze, Abbatiale
www.festivalmusiquesoreze.com

30 août 2013 - 21h
Périgueux – Nouveau Théâtre
www.sinfonia-en-perigord.com

Site du Cercle de l’Harmonie : http://cercledelharmonie.fr

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Photo : DR
 

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