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Ariodante par les Arts Florissants, un film de Frédéric Savoir [ à PARIS/GRAND REX 30 JUIN] – Du concert à l’écran

Bien sûr, vous n’aurez jamais aussi bien vu les sourcils de Lea Desandre ou le crâne rasé de Renato Dolcini. Vous pourrez connaître la couleur des chaussettes de William Christie, compter le nombre de boutons défaits sur la chemise de Krešimir Špicer. Mais rien de tout cela n’est l’essentiel. Le film réalisé par Frédéric Savoir lors de l’interprétation d’Ariodante en concert à la Philharmonie de Paris doit notamment permettre de porter la musique là où elle ne pourrait guère aller, dans des lieux dépourvus de salle offrant l’acoustique nécessaire. Depuis le 11 mai, une quinzaine de projections ont été proposées dans des cinémas de Vendée, pas si loin de Thiré où les Arts Florissants ont leur fief. Le 30 juin, c’est Paris qui accueillera ce film au Grand Rex, en présence d’artistes de la distribution.

© Frédéric Savoir
Fluidité de geste et d’interprétation
Ce long métrage de deux heures trente propose l’intégralité du concert, en écourtant à peine quelques applaudissements ; si coupes il y a, elles sont le fait de William Christie : on peut comprendre que, pour une version de concert, les ballets aient été omis, comme c’est souvent le cas, et que certains airs ne bénéficient pas de leur reprise da capo. Mais s’il s’agit bien d’un concert, il était mis en espace par Nicolas Briançon, les solistes y chantaient par cœur, en se déplaçant et en incarnant leurs personnages. Pas de brochette de chanteurs en rang d’oignon, mais une fluidité de geste et d’interprétation qui rend tout à fait supportable l’absence de décors et de costumes, surtout en ces temps de disette.

© Frédéric Savoir
Emotion palpable
Très sobre, la réalisation de Frédéric Savoir alterne plans larges sur l’ensemble de la scène et plans resserré sur quelques artistes, zoomant parfois sur les chanteurs ou les instrumentistes (vous ne perdrez rien du jeu de Thomas Dunford au théorbe) mais sans agrandir démesurément le moindre grain de beauté. On évite aussi ces mouvements chers aux caméramans américains qui donnent le mal de mer lors des captations en direct du Metropolitan Opera. Tout s’enchaîne de manière limpide, et même si rien ne remplacera jamais l’expérience du concert vécu en salle, le spectateur participe aussi directement que possible à l’émotion palpable, communiquée par les plus beaux airs de Haendel. On pleure avec Ana Maria Labin, superbe Ginevra, on savoure la beauté du timbre de Hugh Cutting, Polinesso carnassier, et l’on a envie d’imiter le chef lorsqu’il se joint à la danse d’Ariodante dans « Dopo notte ».
Laurent Bury

Haendel : Ariodante

Projection en avant-première à Paris, Grand Rex (1 Bd Poissonnière – 75002) le 30 juin 2025 à 19h30 // www.legrandrex.com/mobile/fiche-film.php?id=5054
Le 11 juillet à Chatellerault (Loft Cinémas)
Le 29 juillet à Gençay (86160)
ariodanteaucinema.com/reservations/
Photo © Frédéric Savoir
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