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Ange sacrifié - Reprise de Billy Budd à l’Opéra Bastille

Allez, soyons injuste : si l’on devait garder une seule production de Francesca Zambello, ce serait ce Billy Budd, finement dirigé, toujours sur la corde des sentiments mais avec omniprésents le désir et la terreur. Britten n’aurait pas rêvé mieux dans l’épure comme dans la révélation, lui qui dut composer lorsque la BBC filma son ouvrage avec des décors d’une laideur inouïe, alors que sa musique est à la fois anxiogène et ouverte. Ce paradoxe sonore, le grand vaisseau tout en gréements conçu par Alison Chitty en capture l’essence, la musique s’y incarne, s’y déploie aussi, avec naturel et vertige.

L’ouvrage est l’un des chefs -d’œuvre de son auteur, plus difficile d’accès que Peter Grimes mais aussi dense en qualité musicale, avec une mer plus sèche mais des ciels plus vastes. Admirable parabole sur l’innocence et le désir, mécanique implacable, plus silencieuse mais tout aussi dévastatrice que celle qui anime Le Tour d’écrou, on s’en drogue sans jamais s’en lasser.

La distribution promet, avec la nouvelle star-baryton made in USA, Lucas Meachem dans le rôle-titre, le Capitaine Vere de Kim Begley, qu’on suppose plus pervers qu’à l’habitude – l’acteur formidable qu’il est s’en chargera – et pour le terrible Claggart, amoureux et bourreau, Kurt Rydl dans un emploi où on ne l’attendait à vrai dire pas. Mais la surprise sera le retour à Paris de Jeffrey Tate qui connaît l’œuvre comme sa poche. Version révisée en deux actes.

Britten : Billy Budd – Paris, Opéra Bastille, les 24, 27 et 29 avril, puis les 3, 8, 10, 13 et 15 mai 2010

Jean-Charles Hoffelé

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Photo : DR
 

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