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Anastasia Kobekina en résidence au Festival d’Auvers-sur-Oise – La violoncelliste russe chez ses anges français

Rayonnante comme son jeu, Anastasia Kobekina (photo) ne cache pas sa joie de retrouver les salles – le public surtout ! Ni celle d’avoir été choisie comme « Jeune talent en résidence » au Festival d’Auvers-sur-Oise par Pascal Escande. C’est en 2014, au Annecy Classic Festival dont il assurait aussi la direction à l’époque, que ce dernier repère la toute jeune violoncelliste russe à l’occasion de son premier concert en France – elle joue Haydn sous la direction de Vladimir Spivakov, qui croit en son talent et la soutient avec autant de conviction que de générosité.
 

© Julia Altukhova 

Conquis, il décide de l’inviter à Auvers dès 2015 pour un concert avec Anna Fedorova au piano. Ce moment reste gravé dans la mémoire de l’artiste : « Je me souviens de la chaleur de l’accueil du public. Et puis cette église, que je connaissais par la peinture de Van Gogh ; c’était quelque chose d’incroyable que de se retrouver tout à coup dans le tableau ! ». Au premier concert au festival s’ajoute bientôt un premier disque (Miaskovsky, Franck, Stravinsky) au côté de Paloma Kouider (1), pour DiscAuvers, le label du festival ; une précieuse carte visite qui, ajoutée aux recommandations de Pascal Escande auprès de plusieurs organisateurs de concerts, contribue à donner une impulsion décisive à sa carrière en France. « Ce sont mes anges français », dit affectueusement la violoncelliste du directeur et de l’équipe du festival.

Elle les retrouve cette année pour une « résidence » en trois volets, qui s’ouvre (11 juin) sur un concert partagé avec le guitariste Thibaut Garcia. « Un dialogue très intimiste, autour d’un programme à dominante espagnole (Granados, Cassado, Falla, Albéniz) », note-t-elle, au cours duquel on l’entendra aussi en solo puisqu’elle donnera en création mondiale La Follia de Thierry Escaich – le « compositeur invité » du Festival 2021. A partir du célèbre thème des Folies d’Espagne, le Français a imaginé une pièce relativement brève mais dont la variété et l’intelligence du cheminement expressif séduisent une jeune interprète qui souligne combien les grandes œuvres pour violoncelle solo sont rares dans la musique contemporaine. Celle-ci, visiblement, recueille sa pleine adhésion.

 

Luka Okros © Ian Piper

Une semaine plus tard (18 juin), viendra le moment des retrouvailles avec l’Orchestre de la Nouvelle Europe. « Des musiciens jeunes, avec une énergie incroyable ! » : la violoncelliste conserve un beau souvenir d’un Haydn au côté de la formation de Nicolas Krauze lors d’une précédente édition du Festival d’Auvers. Avec les Rococo de Tchaïkovski et le Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns, une vibrante soirée concertante se profile une fois de plus.
 On n’est pas moins curieux du dialogue que Kobekina nouera avec Luka Okros dans un programme bâti autour de la Sonate pour violoncelle et piano de Rachmaninov (3 juillet). En 2015, le Géorgien (né en 1991) avait remporté à l’unanimité le 1er Prix du Concours Piano Campus de Pontoise. « Tu devrais jouer avec lui », avait peu après glissé Pascal Escande à Anastasia Kobekina ... La suggestion n’est pas restée sans écho et, après un programme au Wigmore Hall en octobre dernier, dans le cadre du programme BBC New Generation Artist, la violoncelliste s’apprête à faire à nouveau équipe avec un pianiste dont l’art consommé du dialogue, d’évidence, la comble. Magnifique moment de partage musical en perspective.
 
Alain Cochard

(1) festival-auvers.com/discauvers/

 
Festival d’Auvers-sur-Oise 2021, jusqu’au 7 juillet 2021 : festival-auvers.com/
 
Anastasia Kobekina, «Jeune talent en résidence », les 11 et 18 juin et le 3 juillet 2021
 
Photo © Julia Altukhova

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